La plus belle histoire de l'amour : la préhistoire
Grâce à un ami qui travaille et loge chez Jacques Le Goff, historien spécialiste du Moyen Age, j'ai reçu de ses mains, dédicacé, le livre La plus belle histoire de l'amour, paru aux Editions du Seuil en 2003. Plusieurs historiens ont contribué à cet ouvrage, qui prend la forme d'une suite d'entretiens réalisée par Dominique Simonnet, rédacteur en chef à L'Express. De l'âge paléolithique à nos jours, le livre retrace dans sa continuité l'évolution de la vie intime, l'Histoire de l'amour. Il s'articule selon trois volets : le mariage, le sentiment, le plaisir, ou si l'on préfère, la procréation, l'amour, la sexualité. Je trouve un vif intérêt à lire cet ouvrage, qui fait tomber nombre d'idées reçues : la préhistoire n'était pas si sauvage qu'on le croit, les Romains n'étaient pas libérés et épanouis mais des puritains avant l'heure, l'amour médiéval était peu courtois et le siècle du romantisme particulièrement hypocrite et brutal. J'aimerais partager ces découvertes avec vous au fil de ma lecture, en vous proposant quelques synthèses et citations.
La préhistoire, la passion de Cro-Magnon (par Jean Courtin)
Le passage de l'instinct animal à un sentiment profond correspond à la période de l'Homo sapiens : il est le premier à accorder un grand soin à ses défunts, ce qui dénote une forme d'attachement à ses semblables. Hommes, femmes et enfants étaient inhumés de manière systématique, avec autant d'égards pour les uns que pour les autres. Le sentiment amoureux va de pair avec la considération portée aux morts, avec le sens de l'esthétique, de l'ornementation. Donc, avec des caractéristiques proprement humaines, qui ont été développées par l'homme de Cro-Magnon, à partir de -100 000 ans en Afrique et au Proche-Orient, vers -35 000 ans en Europe.
"Les Cro-Magnon parlaient, ils avaient le même cerveau que nous, ils rêvaient comme nous, éprouvaient les mêmes émotions, les mêmes sentiments que nous, et devaient connaître eux aussi le désir, la jalousie, la pitié, et les caprices de la passion. On peut même imaginer que ces amours originelles étaient plus intenses, plus vraies que les nôtres, parce que dégagées de toutes contingences, de règles sociales, et de soumission à une norme". Jean Courtin décrit un paradis terrestre ! "Le paléolithique, c'était l'âge d'or. Les ressources étaient abondantes, et les hommes peu nombreux. [...] Nos ancêtres vivaient en semi-nomades, par groupes d'une trentaine de personnes, assez dispersés mais pas isolés". L'ethnologie confirme que chez de nombreux groupes de chasseurs-cueilleurs, il y avait des rencontres annuelles, des grandes fêtes, où l'on échange et où on se lie (pour éviter la consanguinité !). Les premiers êtres humains vivaient en couple, la polygamie n'existera que plus tard chez les agriculteurs. D'ailleurs, la superficie des huttes dans les sites de plein air étudiés correspond à des familles peu nombreuses. L'idée du bon sauvage de Rousseau n'est finalement pas si loin de la réalité : "A l'âge paléolithique, on ne relève pas de cas de morts violentes données par d'autres humains, pas de blessures de projectiles". Toutefois, il s'agit d'une société très machiste : l'homme partait chasser pendant que la femme restait à la maison, s'occupait des enfants, raclait et tannait les peaux pour les vêtements et entretenait le feu. En même temps, c'est bien l'homme qui prenait tous les risques pour ramener la viande quotidienne ! Quant à la sexualité des hommes et des femmes préhistoriques (qui voyaient les animaux à longueur de temps), elle n'était peut-être pas raffinée, mais ils devaient quand-même s'apprécier, s'aimer.
Et puis, au néolithique, à partir de -10 000 ans, commence le début des ennuis avec la naissance et l'expansion du mode de vie paysan. Les agriculteurs-éleveurs sédentaires doivent définir les règles de la vie collective. "L'autorité, qui décide du partage des tâches, régente aussi la vie privée. On ne peut plus sans doute choisir librement sa compagne ou son compagnon, il est probable que s'imposent alors une norme des relations sexuelles et des règles d'alliance qui résultent de la propriété des biens." Le néolithique a inauguré pour les femmes le début des contraintes, avec la multiplication des tâches domestiques et la participation aux tâches agricoles. C'est aussi à ce moment-là que le rapt, le viol, l'esclavage naissent et se développent. Le monde moderne est en marche...
A suivre... (le monde romain)
Le passage de l'instinct animal à un sentiment profond correspond à la période de l'Homo sapiens : il est le premier à accorder un grand soin à ses défunts, ce qui dénote une forme d'attachement à ses semblables. Hommes, femmes et enfants étaient inhumés de manière systématique, avec autant d'égards pour les uns que pour les autres. Le sentiment amoureux va de pair avec la considération portée aux morts, avec le sens de l'esthétique, de l'ornementation. Donc, avec des caractéristiques proprement humaines, qui ont été développées par l'homme de Cro-Magnon, à partir de -100 000 ans en Afrique et au Proche-Orient, vers -35 000 ans en Europe.
"Les Cro-Magnon parlaient, ils avaient le même cerveau que nous, ils rêvaient comme nous, éprouvaient les mêmes émotions, les mêmes sentiments que nous, et devaient connaître eux aussi le désir, la jalousie, la pitié, et les caprices de la passion. On peut même imaginer que ces amours originelles étaient plus intenses, plus vraies que les nôtres, parce que dégagées de toutes contingences, de règles sociales, et de soumission à une norme". Jean Courtin décrit un paradis terrestre ! "Le paléolithique, c'était l'âge d'or. Les ressources étaient abondantes, et les hommes peu nombreux. [...] Nos ancêtres vivaient en semi-nomades, par groupes d'une trentaine de personnes, assez dispersés mais pas isolés". L'ethnologie confirme que chez de nombreux groupes de chasseurs-cueilleurs, il y avait des rencontres annuelles, des grandes fêtes, où l'on échange et où on se lie (pour éviter la consanguinité !). Les premiers êtres humains vivaient en couple, la polygamie n'existera que plus tard chez les agriculteurs. D'ailleurs, la superficie des huttes dans les sites de plein air étudiés correspond à des familles peu nombreuses. L'idée du bon sauvage de Rousseau n'est finalement pas si loin de la réalité : "A l'âge paléolithique, on ne relève pas de cas de morts violentes données par d'autres humains, pas de blessures de projectiles". Toutefois, il s'agit d'une société très machiste : l'homme partait chasser pendant que la femme restait à la maison, s'occupait des enfants, raclait et tannait les peaux pour les vêtements et entretenait le feu. En même temps, c'est bien l'homme qui prenait tous les risques pour ramener la viande quotidienne ! Quant à la sexualité des hommes et des femmes préhistoriques (qui voyaient les animaux à longueur de temps), elle n'était peut-être pas raffinée, mais ils devaient quand-même s'apprécier, s'aimer.
Et puis, au néolithique, à partir de -10 000 ans, commence le début des ennuis avec la naissance et l'expansion du mode de vie paysan. Les agriculteurs-éleveurs sédentaires doivent définir les règles de la vie collective. "L'autorité, qui décide du partage des tâches, régente aussi la vie privée. On ne peut plus sans doute choisir librement sa compagne ou son compagnon, il est probable que s'imposent alors une norme des relations sexuelles et des règles d'alliance qui résultent de la propriété des biens." Le néolithique a inauguré pour les femmes le début des contraintes, avec la multiplication des tâches domestiques et la participation aux tâches agricoles. C'est aussi à ce moment-là que le rapt, le viol, l'esclavage naissent et se développent. Le monde moderne est en marche...
A suivre... (le monde romain)
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