30.3.09

Un fauve en ville

Paris nous rattrape souvent à Montréal... Dans la grande rétrospective Van Dongen que le Musée des Beaux-Arts de Montréal propose jusqu'au 19 avril, c'est encore une fois la ville de Paris qui est mise en lumière, à travers des esquisses de ses rues ou des portraits aux couleurs flamboyantes.
Néerlandais d'origine, Van Dongen découvre la capitale française en 1897 puis s'y installe en 1899. Il fréquente Matisse, Picasso, Derain et Vlaminck mais développe un style bien à lui. Au début de sa carrière, il fait des illustrations pour des journaux satiriques, qui décrivent bien les moeurs de son époque. Souvent, dans les rues de Paris, ce sont des silhouettes, des costumes et des chapeaux, des robes et des coiffures, plus que des personnages. Puis son oeuvre évolue et on découvre des toiles géantes, d'un expressionnisme éclatant et d'un fauvisme assumé. De nombreux portraits de femmes, en grande partie dans des positions impudiques ; mais aussi le monde du cirque et ses clowns au visage triste. Les expressions, les textures, les bijoux, le maquillage... tout est transcris en couleur.
Tout au long du parcours proposé dans le musée, et qui suit chronologiquement les étapes de la vie de Kees Van Dongen, il y a une constante : cette volonté d'exprimer l'intensité d'une époque, un réel intérêt pour les gens qui l'habitent.

Autoportrait (1895)

Le kiosque à musique

L'Assiette au beurre

Montmartre et le Sacré Cœur

Le Moulin de la galette (1904)

Le clown (1906)

La dame au chapeau noir

La femme aux bas noirs (1912)

Graine de pavot (1919)

J'aime beaucoup cette citation de Van Dongen : « Je connais l'histoire de chacune de ces femmes. Une histoire profondément tragique. Elles ont expérimenté la vie sur toutes ses facettes. Ce n'est pas en les peignant avec des couleurs criardes que je peux les aider, mais peut-être pourrai-je exprimer l'intensité de leurs vies ? »
Enfin, vous pouvez aussi faire une petite portion de visite virtuelle, qui comporte certains des plus beaux tableaux de l'exposition.

18.3.09

Caracol

Découverte en première partie du concert de Tryo au Métropolis, Caracol avec son petit orchestre acoustique a été une agréable découverte...
Anciennement dans une formation en duo, DobaCaracol, assez proche du reggae acoustique de Tryo (versant féminin), la chanteuse Caracol a changé de style musical - et de look - pour le lancement de son premier album solo en septembre 2008, L'arbre aux parfums. Selon le site web de Caracol, cet album "se situe au croisement de la chanson, des musiques folk américaines, du son vintage 1950, et du vieux Rocksteady" et "a été grandement influencé par la découverte du yukulélé (instrument hawaïen à 4 cordes) et de l'autoharpe (instrument folk doté de 36 cordes)". Effectivement, en concert toutes ces cordes, mêlées aux vocales de son petit orchestre, donnaient un résultat très harmonieux. Quant à sa voix même, elle m'a semblé étonnamment proche de celle d'Emily Loizeau...
Je vous propose ici le vidéoclip tout récent L'amour est un tricheur, tourné au Musée Ferroviaire de St-Constant. Un univers qui se veut assez proche de celui des frères Coen (Oh Brother, Where Art Thou?)...



Pour écouter d'autres chansons, consultez aussi le myspace de Caracol.

16.3.09

Toute ma jeunesse est dans... Tryo

Oui, le titre de ce billet peut paraître un peu exagéré mais c'est celui d'une grande admiratrice... Je ne vois pas l'intérêt ici de faire une présentation objective ou biographique de Tryo, groupe désormais connu non seulement en France mais aussi à travers le monde francophone, comme au Québec où il est en tournée dans plusieurs villes pendant tout le mois de mars (néanmoins, pour un petit rattrapage, voir leur site officiel).
Tryo, que j'ai découverts pour la première fois il y a plus de dix ans... Quel bouche-à-oreille exceptionnel pour que leur premier album arrive jusqu'au lycée franco-hellénique d'Athènes (et vive la copie privée) !
Puis, ma découverte de Paris au début de ma vie estudiantine se fit à l'écoute de Tryo sur mon vieux walkman. Leurs chansons enjouées me donnaient "la pêche" dans mes promenades en solitaire... elles font partie de mes souvenirs : les quais de la Seine, les rues de Paris ensoleillées par ce bel été indien et même... le métro ! Elles ont été mon "point d'entrée" musical dans la culture française. Sans télévision ni radio pour les appuyer dans leurs débuts, le groupe a bénéficié d'une montée en puissance au fil des ans par le seul impact de ses concerts et du fameux bouche-à-oreille qui s'est poursuivi, car ses chansons les plus engagées ne sont jamais passées sur les ondes...
Fidèle à leurs albums suivants, je trouvais le son de Tryo de plus en plus recherché et varié, enrichi de nouvelles influences musicales, tout en gardant dans les textes leur côté engagé, poétique et festif d'origine. Je me retrouvais de plus en plus dans les paroles et Serre-moi a coïncidé avec ma rencontre de l'amour...
Ils ont mûri, moi aussi en même temps (Time...). Aujourd'hui à la sortie de leur 4e album, me voilà au Québec. Et, quelle ironie, c'est enfin ici que je les ai vus en live pour la première fois. Un concert à la hauteur de mes espérances, joyeux, énergique, généreux, avec des allers-retours entre les albums et les chansons les plus engagées dans le contexte actuel - et, je n'aurais pas cru voir une foule montréalaise aussi déchaînée !
Le temps ne passe jamais lentement
Tu t'en rends compte, en vieillissant
Mais si tu le veux, à tout moment
Il peut adoucir ton présent...

Merci à Tryo d'avoir adouci le présent de tant de personnes :)

10.3.09

Nomade à Espace Création de Loto-Québec

Au Québec, la société d'Etat qui gère les jeux de hasard et d'argent est aussi l'un des principaux promoteurs de l'art contemporain québécois. Cela fait déjà 30 ans que Loto-Québec a commencé à investir dans sa collection qui aujourd'hui compte plus de 4000 oeuvres d'art. A l'occasion de cet anniversaire, l'exposition Nomade est organisée à Espace Création, un lieu d'exposition situé au rez-de-chaussée du siège social. Au fur et à mesure du déroulement de l'exposition, jusqu'au 2 mai, les oeuvres présentées se renouvellent parallèlement avec le déplacement de certains ensembles d'oeuvres à travers différentes villes du Québec.
N'étant pas forcément portée par l'art abstrait, mon attention au cours de la visite s'est portée sur certaines œuvres plutôt figuratives ou présentant un mélange original entre figuration et abstraction. Encore une fois, ayant un regard totalement neuf, je n'ai pas forcément de notion de la notoriété de chaque artiste au Québec et mon appréciation des oeuvres ne se laisse pas influencer par ce genre de considération. J'ai repéré deux œuvres intéressantes par leur effet de mise en abyme et leur réflexion sur le créateur : l'une de Dominique Gauthier assez proche d'un style BD (Draw in N°2), l'autre de Martin Bureau (Ambiguïté d'un égocentrique), où l'on voit un photographe en train de prendre une photo vers nous, comme dans un miroir (vue assez classique en photo mais rare en peinture sur toile). Aussi, ce sont les sculptures qui m'ont le plus interpelée, que ce soit un oiseau composée de mains et doigts pour les ailes et la tête, de David Altmejd (Hand Bird 1), une composition en verre souflé assez abstraite mais très élégante de Maude Bussières (Dans ma tête (The Imagination)), ou les encyclopédies érodées, formant des paysages terrestres gravés dans leurs pages, de Guy Laramée (Tectonique 1, Ce qu'il y a vraiment dans les livres).
La liste des oeuvres de l'exposition se trouve dans ce PDF.
Aussi, le site web de la collection a été lancé récemment, avec son identité propre.

1.3.09

Nuit blanche à Montréal

Après avoir vécu plusieurs éditions de la "nuit blanche" artistique à Paris, j'étais impatiente de vivre cette nuit blanche à Montréal. Mais le bilan est plutôt mitigé. Bien sûr, c'est une impression tout à fait personnelle, mais j'ai trouvé qu'organiser cet événement en février (par -20°C, avec un coup de froid comme par hasard pendant cette nuit-là !) faisait perdre un peu le côté effervescent et décontracté que j'avais connu à Paris. Le froid devient un facteur très important dans nos déambulations nocturnes. On entre dans des galeries artistiques juste pour se réchauffer et on renonce à de longs trajets à pied (renonçant en même temps à certaines attractions qui nous avaient interpelés). Du coup le meilleur moment de la soirée a peut-être été notre destination finale, la Grande Bibliothèque de Montréal que je découvrais pour l'occasion. Sur le thème de Paris, des illustrateurs, conteurs et musiciens se sont relayés. En plus, au sous-sol, l'exposition consacrée à l'artiste Monique Charbonneau, "Le goût de l'encre", avec ses estampes et gravures sur bois, était très intéressante.

Dans le Vieux Montréal, devant une sculpture de glace éclairée par l'arrière

Sur le quai Jacques Cartier, la Grande Roue et le Marché Bonsecours.
La Grande Roue était gratuite, mais à 20 h 30 notre ticket était pour faire un tour à 1h.
Nous n'y sommes pas retournés...

Petite halte pour découvrir les Queues de Castor,
pâtisserie célèbre que même Obama a goûté lors de son dernier séjour au Canada...

Retour vers le centre-ville : à l'extérieur d'un restaurant
de la rue Sherbrooke, un bar sculpté dans la glace...

A la Grande Bibliothèque, Jacques Goldstyn et Benoît Laverdière dessinent
leur vision de Paris devant les regards curieux.

D'autres dessinateurs ont déjà terminé leur œuvre...