17.2.09

Mariza

Je connaissais jusqu'à présent les petits clubs de fado de l'Alfama, le Musée du fado de Lisbonne, la musique de Carlos Paredes et le groupe Madredeus. Et voilà que je découvre en concert, dans la grande salle Wilfried-Pelletier de Montréal, une étoile montante du fado et surtout une personnalité artistique intéressante : Mariza. Tous les amateurs de fado et toute la communauté portugaise de la ville étaient réunis, pour un concert consacré en majorité à son dernier album, Terra. Une soirée riche en émotions et en saudade. Accompagnée de quatre musiciens exceptionnels ("la crème de la crème", d'après ses dires) et d'une sobre mise en scène, Mariza nous a magnétisés et transportés avec sa voix puissante, profonde et émotive.





Et pour ne pas dire que le fado n'est que tristesse, elle nous a aussi chanté l'entraînant Rosa Branca, dont le vidéoclip a été tourné dans le magnifique Palacio da Pena à Sintra.


14.2.09

L'exercice de la salle de bain

Qu'y a-t-il de plus ennuyeux et ordinaire à photographier que sa salle de bain ? C'est un endroit souvent exigu où on ne penserait même pas amener son appareil-photo, comme si rien ne valait la peine d'être remarqué dans cette pièce. C'est pourtant le premier exercice que j'ai eu à faire dans le cours de photographie numérique que j'ai commencé à suivre à l'UQAM, et je vous invite à en faire de même, juste pour expérimenter ce qui attirerait le plus votre regard.
Le mien a tout de suite été intrigué par la texture des serviettes, et le peignoir de Collin en a fait les frais. Voici donc les deux photos que j'ai choisi de montrer : l'une à potentiel plutôt formel, plastique, l'autre à potentiel plutôt narratif.



Et comme je trouve qu'il n'y a pas assez d'activité sur le blog, je vous invite à voter pour la photo 1 ou la photo 2 en laissant un commentaire, et bien sûr expliquer pourquoi. Ça m'intéresse.

13.2.09

Raquettes au Parc Mont-Royal

Un temps parfait - quelques degrés sous 0° et un soleil radieux - était au rendez-vous pour notre première randonnée en raquettes au Parc Mont-Royal, dimanche dernier. Une belle expérience, à la fois contemplative et active. Changer d'air et ressentir une fatigue "positive" à la fin de la journée. D'un coup, on espère que l'hiver durera encore longtemps et on se promet de mieux en profiter.










10.2.09

Polytechnique

Presque vingt ans après la tragédie survenue à l'École Polytechnique de Montréal, le 6 décembre 1989, où quatorze étudiantes avaient été abattues à froid par un jeune homme (Marc Lépine) s'étant introduit avec une arme dans l'édifice, le réalisateur québécois Denis Villeneuve a relevé le difficile défi de réaliser un film sur ces événements, remémorant aux Québécois un chapitre douloureux de leur histoire collective. Plusieurs médias ont discuté et débattu de la pertinence de la sortie de ce film, posant la question de la trop forte proximité avec les événements - nombre de personnes n'iront sans doute pas voir le film par crainte d'être à nouveau immergées émotionnellement dans ce souvenir pénible et bien réel. Pour ma part, j'ai pu assister à une projection avec mon regard "extérieur" et cela en valait la peine.
Dans Polytechnique, comme dans Elephant de Gus Van Sant, le récit s'articule autour de plusieurs points de vue à l'intérieur de cette même journée. Mais on pourrait reprocher à Gus Van Sant des procédés stylistiques utilisés de manière un peu trop systématique, comme si finalement les événements filmés s'adaptaient à son langage cinématographique ; c'est d'ailleurs ce qui m'avait dérangée dans son film. Denis Villeneuve utilise quelques plans assez similaires - notamment de longs travelling dans les couloirs -, mais il réussit à aller au-delà du pur procédé stylistique et à s'adapter aux états émotionnels successifs qu'il relate. Ayant fait le choix du noir et blanc, qui permet une certaine distanciation et qui magnifie l'histoire en rappelant qu'il s'agit bien d'une oeuvre cinématographique et non d'une reconstitution historique, sa mise en scène devient tour à tour discrète (assez classique au début), dans l'expectative (l'attente, la durée, la réflexion), nerveuse (prise de décision du tueur), pudique (très belle utilisation du flou), contemplative (gros plans et travellings très travaillés).
C'est comme si le réalisateur transcendait les événements avec son regard, pour montrer d'une manière "artistique" cette horreur et pour décharger dans cette expérience cinématographique toute l'émotion collective accumulée, tout en restant en même temps déconnecté de toute problématique juridique ou sociale. Le choix de créer deux personnages "victimes" principaux fictifs à partir de différents témoignages recueillis auprès des survivants et de ne pas tourner dans les locaux réels de l'Ecole Polytechnique, contribue également à prendre de la distance par rapport à la réalité et à considérer le film comme un sobre hommage, l'occasion d'une nouvelle réflexion et un rappel du devoir de mémoire.


Lire aussi la critique de Marc-André Lussier (La Presse) pour un point de vue "intérieur" sur le film.