26.11.08

En attendant l'hiver

En trois semaines, le paysage s'est complètement transformé au Parc Lafontaine.
Après la saison des couleurs chatoyantes, les arbres se sont dénudés et patientent encore un peu avant d'enfiler durablement leur ensemble blanc...
Le bassin d'eau gèle, il sera transformé en patinoire géante...






24.11.08

Chronique d'un conflit environnemental

Dans le cadre des Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal (RIDM), j'ai découvert le documentaire La Bataille de Rabaska à la Cinémathèque Québécoise.
Rabaska, c'est ainsi que se nomme le consortium qui, en 2004, a présenté le projet de construction d'un gigantesque port méthanier dans une région agricole et touristique sur la rive Sud du fleuve Saint-Laurent, en face de l'île d'Orléans et de la ville de Québec. Pendant 4 ans, les réalisateurs Martin Duckworth et Magnus Isacsson ont suivi la véritable "bataille" que se sont livrés les promoteurs et les opposants au projet.
Des citoyens des villes de Beaumont et de Lévis, sur le territoire desquelles l'implantation était prévue, des élus municipaux et des groupes environnementaux se sont mobilisés et ont tenté de sensibiliser l'opinion publique, considérant ce projet comme extrêmement dangereux à la fois sur le plan de l'environnement naturel et social que sur le plan de la sécurité des habitants.
Le documentaire est très bien construit et réussit, sans voix off, à rendre compte avec clarté et concision des enjeux du problème et des arguments de chacune des parties.
Les réalisateurs brossent des portraits touchants des principaux opposants, et l'on entre parfois dans l'intimité de leur famille pour découvrir les conséquences de cette longue lutte acharnée dans leur vie personnelle.
Il y a parfois quelques moments de satisfaction et d'humour ("Non au porc méthanier" !) dans ce long parcours, mais on en ressort plein d'amertume sur la tournure finale qu'a pris la "bataille", comme noyée par l'intérêt économique et l'indifférence de la classe politique. Après que le gouvernement actuellement en place ait donné son feu vert, le projet Rabaska aurait pu être soulevé à nouveau dans les enjeux de la campagne électorale en cours, comme l'a pertinemment soulevé un spectateur dans le débat à l'issue de la projection. Mais il semblerait que les autres partis politiques n'ait pas d'avis divergent sur la question...
Pour en savoir plus et voir la bande-annonce : allez sur le site de l'ONF dédié au film.

21.11.08

Vivre le Québec libre : guide de survie

Ce « guide » est le livre que j’ai commencé avant de partir et que je viens d’achever. Belge installé à Montréal depuis 2000, Hubert Mansion avait auparavant publié le Guide de survie des Européens à Montréal, un immense succès de librairie paru en 2003. Ce dernier aurait peut-être facilité notre installation à Montréal, mais le second guide a l’avantage d’entrer plus profondément dans les mœurs, l’histoire et les paradoxes du Québec. L’auteur dispose aujourd’hui d’un recul suffisant pour nous donner de bonnes clés pour comprendre les Québécois. Son ouvrage est à la fois autobiographique – certains témoignages sentent le vécu –, documenté – de nombreuses références historiques sont livrées –, humoristique mais aussi polémique.
Le livre semble court et facile au premier abord mais il est en réalité très dense, car chaque chapitre donne des explications et commentaires sur un thème différent, à approfondir. Assimiler tout cela, surtout si ce n’est pas juste pour le fun de la lecture mais vraiment pour apprendre à vivre au Québec, est assez long. Heureusement donc qu’avec les touches d’humour, les morceaux de dialogues restitués mais aussi avec les coups de gueule de l’auteur, le texte prend vie et nous interpelle à tout moment. Par exemple, quelle culpabilité n’ai-je pas ressenti quand, après avoir acheté des Kleenex (je ne tiens pas particulièrement à cette marque mais j’avais vraiment besoin de mouchoirs à ce moment-là !), j’ai lu son chapitre intitulé « Sortez vos mouchoirs », où j’ai appris que Kleenex provoque « des milliers d’arbres abattus, la disparition du caribou des bois en Abitibi, l’augmentation du nombre de chômeurs en région » (p136)… Et il enfonce le coup un peu plus loin en parlant de « nos frères les arbres » : « Ne pourrait-on pas en faire des violons, des maisons et des meubles plutôt que de se moucher dans leurs cadavres ? » (p137). Aïe !
Imaginez la masse d’informations mais aussi les réflexions suscitées par tous les chapitres de son livre : la géographie du Québec, la langue (le joual), la maison, l’argent, le transport, l’alimentation, Montréal, Québec, Anticosti, le Nord, la déconstruction du paysage, la faune et la flore détaillées, le rôle du castor dans l’histoire du Canada, le rôle des Jésuites, la conquête de l’Ouest par les Français, l'origine des « Maudits » Français, le coût de la vie, la télévision… Sans oublier le bottin de survie final parsemé de croustillants commentaires sarcastiques…
Finalement, un livre à garder à portée de main et où se référer dès qu’on a besoin de se faire une petite piqûre de rappel, géographique, historique ou sur les mœurs des Québécois.
Hubert Mansion tient également un blogue où il continue d'alimenter les thèmes de son livre avec de nouvelles découvertes et réflexions : vivrelequebeclibre.over-blog.com/

12.11.08

J+30 : chronique d'une installation

Un mois ici, déjà. Et l'impression que les choses avancent et qu'on apprend beaucoup, jour après jour. Il a fallu tout oublier (ce mot est très important pour ne pas passer son temps à faire des comparaisons !) et réapprendre à tout faire : ouvrir une fenêtre, faire une brassée (une lessive), prendre le bus, utiliser la carte de débit (dont le NIP a 5 chiffres), changer de mesures, de pointure et même de format de papier (le A4 n'est pas standard !), et surtout, comprendre et se faire comprendre par les Québécois. Avec un peu d'efforts et de bonne volonté, ce n'est pas si difficile que ça.

Si je devais faire un bilan du mois écoulé :

- sur le plan pratique : on a pu trouver très rapidement un charmant appartement au coeur du quartier du Plateau-Mont-Royal ; on a pu l'équiper en trouvant des meubles et des appareils d'occasion chez des particuliers du coin ; on a pu obtenir toutes nos cartes : résidence permanente, assurance sociale, assurance maladie, banque, transport et permis de conduire. On a (enfin !) une ligne téléphonique fixe mais pour l'instant pas de cellulaire (cela nous paraît encore trop cher - dispendieux - pour l'usage qu'on en ferait...). On a acheté nos vêtements et chaussures en prévision de l'hiver et magasiné toutes sortes de choses.


- sur le plan touristique : eh oui, il fallait bien profiter un peu avant l'hiver ! On a dû évidemment se rendre au centre-ville à plusieurs occasions, et se retrouver au milieu des gratte-ciels, des mouettes (le fleuve Saint-Laurent n'est pas loin...) et des grosses enseignes de l'avenue Sainte-Catherine. De part notre emménagement, on a beaucoup marché dans le quartier du Plateau-Mont-Royal, qui possède vraiment un charme et une ambiance chaleureuse et animée. On est monté au Parc du Mont-Royal et on gardera un souvenir mémorable du chemin du retour, effectué la nuit tombante en pleine forêt (car le "parc"est plutôt une forêt, en fait...). On s'est promené le long des Quais du Vieux Port et dans le Vieux Montréal. Mais on a vu aussi pas mal de la région des Laurentides, les villes de Sainte-Thérèse, Saint-Jérôme mais aussi Saint-Sauveur-des-Monts, où les Montréalais viennent faire du ski en fin de semaine.

- sur le plan relationnel : grâce à cet outil merveilleux qu'est Internet, avec ses différentes variantes MSN, Facebook, les courriels et la blogosphère, je ne me suis jamais vraiment sentie "isolée" : les habitudes restent les mêmes. Sur place, certaines personnes nous ont permis de gagner énormément de temps, en nous donnant de bons conseils, des informations pratiques mais aussi un accueil chaleureux. Je souhaiterais les remercier ici : Pierre et Béatrice, Madile et Jean-Pierre, Iphi et Salvador. Et puis, il faut dire qu'on s'est beaucoup attaché à la petite Grace de trois mois avec laquelle on a passé les trois premières semaines.

- sur le plan professionnel : l'ANAEM (Agence Nationale d'Accueil des Etrangers et des Migrations, un organisme d'insertion et de placement de Français et ressortissants français au Québec) et le MICC (Ministère de l'Immigration et des Communautés Culturelles, on voit bien la différence avec le "Ministère de l'Immigration et de l'Identité Culturelle" de Sarkozy !) nous ont bien encadrés pour entamer notre recherche d'emploi. L'ANAEM propose un suivi personnalisé, des ateliers thématiques (réseautage, entrevue d'embauche...) et un appui logistique, dans une ambiance très... souriante.

Le MICC propose plusieurs séries de cessions d'information animées par des personnes très compétentes : "Réalités socio-économiques du Québec" et "Conduites culturelles en emploi". On a emmagasiné une masse d'informations assez impressionnante et acquis des outils méthodiques pour la recherche d'emploi. Pour résumer : j'ai eu l'impression d'être vraiment prise par la main à condition évidemment de se prendre en main soi-même par la suite.

- enfin sur le plan culturel et culinaire, on a écouté de la musique brésilienne aux Bobards, on est allé au spectacle de cirque de la TOHU, on a goûté la fameuse poutine à La Banquise, les côtes levées et le brunch canadien (préparé par des Grecs, mais bon)...
Et à mon plus grand regret, on n'a pu assister à Halloween : ce sera pour l'année prochaine.


Un vent d'optimisme souffle dans nos vies, avec sa part d'appréhension bien sûr, mais aussi et surtout sa dose d'espoir et d'envie de réussir.

10.11.08

C'est assez pour aujourd'hui

Samedi dernier, nous avons eu l'occasion de découvrir la TOHU, la Cité des Arts du Cirque de Montréal, grâce à un spectacle gratuit proposé par l'Atelier de recherche et de création 2008 des diplômés de l'Ecole nationale de cirque.
Conçu et "mis en piste" par Alain Francoeur avec la collaboration des six jeunes interprètes diplômés, C'est assez pour aujourd'hui s'apparentait plutôt à un spectacle expérimental au coeur duquel se trouvait l'expression corporelle et vocale (assez proche de la danse contemporaine), plutôt que le sensationnel pur que l'on attribue généralement au cirque. Il était d'ailleurs recommandé d'avoir plus de 12 ans pour y assister !
Assez paradoxalement, le mot qui me vient à l'esprit pour décrire ce spectacle est : déséquilibre. La prouesse physique des acrobates était bien sûr au rendez-vous, chacun avec sa spécialité (équilibre, trapèze, fil de fer), mais insérée dans des bribes de séquences où les artistes semblaient soit fous, soit bestiaux. Les gestes désarticulés, parfois violents ou parfois d'une douceur confuse, donnaient un effet assez hypnotisant sur le spectateur, dérangé, surpris ou amusé par la scène. Pour conceptualiser encore plus le principe d'animosité, les interprètes avaient d'ailleurs un bac d'eau où ils venaient s'abreuver en y plongeant directement le visage.

"Kaléidoscope étourdissant où 20 tableaux se chevauchent devant le miroir déformé d'une réalité imprévisible : quête d'amour, violence, réussite, peur de la mort, engagement, s'alignent sur le fil tendu entre l'humour et le drame, la danse et le cirque, le spectacle et la vie.
Un "reality show" acide plus faux que nature, à voir comme on lit un journal avec intérêt et curiosité, détachement, interrogation, dégoût et envie de hurler, pour se rendre compte que la vie donne parfois le vertige au point de nous faire dire, C'est assez pour aujourd'hui."
Alain Francoeur

Dans l'intimité d'un moment historique

Nous avons tous vu les images télévisées de la victoire de Barack Obama la semaine dernière. La plupart des chaînes américaines ont fait la meilleure audience de leur histoire, sans parler des sites Internet de ces médias, pris d'assaut par les internautes. Les jours suivants, nous avons tous vu et revu les larmes de Jesse Jackson et entendu les différentes personnalités politiques commenter cet événement historique. Mais en marge de la médiatisation, il y a ces moments intimes, vécus par Barack Obama et sa famille juste avant l'annonce officielle de sa victoire.
Le photographe privé qui a suivi le futur président tout au long de sa campagne, David Katz, a publié sur la plate-forme de partage de photos Flickr des photos très intimistes de l'ambiance familiale, dans l'hôtel de Chicago où Barack Obama suivait la soirée électorale à la télévision entouré de ses proches. Des photos rares et "naturelles" qui démontrent encore une fois la maîtrise de soi et la concentration de ce personnage charismatique, mais aussi le soutien et la simplicité de cette famille presque ordinaire.








Pour voir tout le diaporama de la nuit électorale sur Flickr, cliquez ici. L'équipe d'Obama continue de publier des photos sur son profil Flickr.

2.11.08

Sur la ligne orange...

Difficile de circuler dans le métro montréalais sans remarquer l'affiche annonçant la sortie du nouvel album du groupe québécois Mes Aïeux, La ligne orange. Se définissant comme le groupe "néo-trad" québécois de référence, ayant déjà douze années à son actif, je le trouve pourtant assez proche de la veine des Français Tryo, La Rue Kétanou et autres Sanseverino, que ce soit par les thèmes abordés (politique, société, environnement...), par l'humour et les jeux de mots employés dans les paroles avec souvent beaucoup de légèreté, mais aussi par le mélange instrumental qui se sert de différentes influences musicales et rythmiques, entre tradition et modernité.

Le premier single de ce 4e album s'intitule Le déni de l'évidence, il passe actuellement à la radio ici. Le voici :


Buvez aussi cette petite chanson très enjouée et beaucoup plus "traditionnelle" issue du 3e album :



Enfin, savourez cette belle déclaration d'amour, où l'on reconnaît vers la fin la mélodie de la vieille chanson française Auprès de ma blonde (il fait bon, fait bon, fait bon...) :

Découvrez Mes Aïeux!


Et pour en savoir plus sur le groupe, allez voir son très joli site officiel.