29.5.06

La plus belle histoire de l'amour : le Moyen Âge

Après la préhistoire et le monde romain, voici la suite de La plus belle histoire de l'amour :

Le Moyen Âge : Et la chair devint péché... (par Jacques Le Goff)
Deux clichés apparemment contradictoires construisent notre perception de cette époque : celui d'un monde féodal, brutal, viril, conquérant, et celui de l'amour courtois, du troubadour agenouillé devant sa gente dame qu'il idéalise mais ne touche pas. En fait, ces deux images cohabitent très bien, car il faut bien comprendre que c'est dans la littérature que la féminité, la chasteté, la passion sont exaltées (par exemple, dans Tristan et Iseult). La documentation dont les historiens disposent sur l'amour courtois ne leur permet pas de confirmer que cet amour a vraiment existé ; n'empêche que le modèle littéraire de l'amour courtois a laissé une trace dans la galanterie qu'il est d'usage d'exercer à l'égard des femmes. "Ce que nous savons des moeurs de cette époque-là est assez différent et ne va guère dans le sens d'une pratique courtoise entre hommes et femmes".
Après la chute de l'Empire romain et l'arrivée des barbares, la christianisation des moeurs fut très lente. "L'intériorisation des conceptions de l'Eglise dans les mentalités et les pratiques a demandé des siècles." A l'époque mérovingienne, la polygamie était encore pratiquée par l'aristocratie barbare. Jusqu'à Louis VIII (1223), les rois francs sont restés polygames.
Nous sommes très peu informés sur les pratiques des paysans (90% de la société). En ce qui concerne la noblesse, le mariage était de "convenance", réglé par le roi, premier des marieurs. A l'intérieur de la famille, les anciens orchestraient le mariage. Celui-ci était un contrat civil, échappant au contrôle de l'Eglise, passé devant un notaire et limité à l'Europe méridionale.
"Mais à partir du XIIe siècle, l'Eglise va étendre petit à petit son pouvoir sur le mariage : elle l'institue en sacrement [...] et impose son modèle : l'indissolubilité des liens et la monogamie. [...] Cette fois, le mariage chrétien réclame le consentement de chacun des époux, ce qui n'était pas le cas auparavant." Des procès ont eu lieu devant les tribunaux ecclésiastiques où les mariés réclamaient cette liberté de choix. Par cette idée révolutionnaire du consentement mutuel, le christianisme a donc fait progresser le statut de la femme. En 1215, le quatrième concile du Latran, réunissant les évêques chrétiens romains sous l'autorité du pape, rend obligatoire la publication de bans, un mois avant le mariage : le but est d'empêcher la consanguinité et de contrecarrer le poids des familles, les futurs mariés ont la possibilité d'annuler le mariage.
Le mariage chrétien étant indissoluble, on se réfugit alors dans l'adultère. L'amour courtois évoqué dans la littérature, c'est bien cet adultère.
En même temps, les Chrétiens promeuvent l'idée de virginité : le culte de la Vierge Marie s'impose à partir du XIIe siècle. En conséquence, la sexualité est de plus en plus sévèrement condamnée. Pour l'Eglise, l'exigence de pureté est justifiée par l'approche de la fin du monde. L'humanité a été engendrée dans la faute, qui caractérise tout accouplement. La chair devient un péché. Cette idée de culpabilité va fortement influencer la mentalité occidentale : pour Jacques Le Goff, "c'est l'aspect le plus négatif du christianisme. Cette doctrine va justifier la répression d'un grand nombre de pratiques sexuelles. [...] Désormais, le corps est assimilé à un lieu de débauche. Il perd sa dignité." Même dans le mariage, s'imisce cette morale antisexualité : on rédige des listes d'interdits auxquels les couples mariés doivent soumettre leurs pratiques. "Un tel contrôle de la vie sexuelle des couples mariés pèse gravement sur la vie quotidienne des hommes et des femmes de ce temps-là, et provoque des conséquences multiples sur la démographie, sur les mentalités, sur les relations entre les sexes."
Vers le XIIe siècle, une autre nouveauté apparaît : l'invention du purgatoire. Parmi les rescapés qu'il peut sauver, figurent les "fornicateurs". Le purgatoire représente un véritable espoir à une époque où l'on croit vraiment à l'enfer. Mais il ne sauve pas des pratiques illicites, comme l'homosexualité, devenue quasi hérétique.
Contre tant de contraintes, la société médiévale a réagi par le rire, la comédie, la dérision... seuls moyens de faire baisser la pression sous le couvercle de l'Eglise.
Pour conclure avec Jacques Le Goff : "cette morale chrétienne d'origine monastique, qui réprime la sexualité, va perdurer pendant de longs siècles et peser lourd sur nos mentalités. En ce sens, nous sommes tous nés du Moyen Âge. Pour le pire comme pour le meilleur."

A suivre... (l'Ancien Régime)

N.B.: Pour en savoir plus sur la situation de la femme au Moyen Age, je vous renvoie vers un texte que j'ai trouvé intéressant : ici.

28.5.06

Lecture(s)

Si mon déménagement à Créteil a eu de nombreux inconvénients, il a eu aussi un avantage fondamental : il a déclenché mon retour à la lecture, par plaisir et non plus dans un objectif universitaire. Prendre les transports une heure par jour pour aller au travail, dans une ligne de métro souterraine où il n'y a aucun paysage pour se distraire, m'a incitée à garder toujours un livre avec moi. Je m'installe dans le siège le plus éloigné du passage des voyageurs et je bouquine une demi heure à l'aller, une demi heure au retour.
J'ai recommencé à lire en décembre dernier, au moment où j'ai reçu par courrier une offre alléchante du club littéraire "Le grand livre du mois" : j'ai décidé de m'inscrire au club pour recevoir mes cinq premiers livres pour un euro.
J'ai donc commencé par L'enfant du Bosphore, de Caroline Bongrand. Il s'agit de l'histoire d'Antilogus, né dans une famille grecque d'Istanbul à la fin du XVIIe siècle, abandonné car circoncis de naissance (quelle malédiction !), et finalement adopté par un couple de Judéo-Espagnols. Son enfance de rêve, sa découverte de l'amour et du monde. Puis, lorsque le sultan ottoman met au ban les Juifs de l'Empire, le jeune homme part pour l'Amérique, seul chargé de la dernière fortune de son peuple. "De la chatoyante et cosmopolite Istanbul à l'Amérique, un magnifique voyage initiatique, sensuel comme un roman d'amour et tumultueux comme une épopée."
J'ai continué avec trois livres en grec offerts par mon père à Noël, qui m'ont permis de renouer un peu avec ma langue paternelle, trop peu parlée au quotidien. Curieusement, l'un de ces livres était le premier livre de Pierre Loti, Aziyadé (1879), donc j'ai lu une version traduite du français au grec ! Ce livre évoque l'histoire (presque autobiographique) d'un militaire de la marine anglaise à Istanbul, qui adopte le mode de vie stanbouliote et qui vit une histoire d'amour avec une jeune turque mariée, Aziyadé, à une époque où cela était complètement improbable. J'ai aussi découvert un écrivain grec vivant en Suède, Theodor Kallifatides, que j'ai beaucoup apprécié mais dont le dernier roman Sept heures au Paradis n'est pas (encore ?) traduit en français. Par contre quelques uns de ses précédents livres le sont et j'aimerais bien les découvrir. Quant au dernier livre de Vassilis Alexakis, dédié à sa mère et très autobiographique, il m'a quelque peu déçue après Les mots étrangers dont j'avais trouvé la thématique bien plus intéressante (la découverte et l'apprentissage du sango, une dialecte parlée en République centrafricaine, par Alexakis qui s'est ensuite rendu sur place à Bangui et nous fait part de son voyage et de ses impressions).
Ensuite, j'ai lu un roman policier dont l'action se déroule à Venise, Des amis hauts placés, de Donna Leon. Ce livre m'a permis d'avoir une vision de l'intérieur de la ville, et non plus la vision touristique édulcorée dont on a l'habitude. Il fait partie d'une série de romans policiers, dans lesquels le commissaire Brunetti est le personnage principal chargé de résoudre les énigmes qui se posent. Parfois un peu glauque dans ses descriptions réalistes (de scènes de mort), mais le plus souvent humoristique et critique, à l'image du commissaire.
J'ai enfin entammé la lecture de La plus belle histoire de l'amour, dont je vais continuer à vous faire de rapides comptes-rendus dans les prochains jours. Promis, la suite arrive !

27.5.06

Têtes à têtes

La culture hip-hop n'est plus réservée qu'à la rue. Lorsqu'elle fait irruption sur une scène de théâtre, la danse hip-hop nous surprend par son inventivité, sa technicité, son aptitude à se mêler à d'autres danses, son expressivité, son élégance et même sa grâce. Elle devient un art comme un autre et propose un vrai spectacle, devant lequel on reste admiratif.
Le Tarmac de la Villette proposait le spectacle Têtes à têtes, qui comportait deux pièces, chacune confrontant deux chorégraphes. Présentation faite par le Tarmac :
Têtes à Têtes met en présence deux styles de danse différents : le Hip-hop New School de Didier Firmin et Rabah Mahfoufi et le break enrichi de danse contemporaine, afro, buto, capoeïra et claquettes de Karim Amghar et Olé Khamchanla. Ces dialogues s’enrichissent du métissage et témoignent de la richesse née de la différence, conviction chère à l’esprit de la culture hip hop. Chaque duettiste est originaire d’un continent différent de son vis-à-vis et ces deux pièces se construisent autour du face à face de deux chorégraphes confrontant leurs différences, leur singularité, leurs technicités et leur personnalité propre. Ils se nourrissent d’influences culturelles et artistiques contemporaines, allant parfois jusqu’à puiser aux sources des danses tribales et rituelles. Rencontres virtuoses d’artistes, en résonance les uns avec les autres, où l’univers aérien et rythmé de Firmin-Mahfoufi voisine avec la poésie gestuelle du duo Amghar-Khamchanla.

Les deux pièces avec mes impressions et des infos sur les chorégraphes :

Time to be free, de Didier Firmin et Rabah Mahfoufi
Beaucoup d'humour et d'euphorie dans cette pièce, où je suis restée scotchée aux mouvements des deux danseurs, très synchrones, fluides et maîtrisés, parfois accrobatiques. Une évidente complicité, une musique bien rythmée, un style très américain, et une intervention de la voix de Marthin Luther King, illustrant le thème de la liberté je suppose...
Didier Firmin débute avec son groupe UNITE, puis intègre le groupe Mission Impossible. Dans le même temps, il se rend à New York et rencontre Brian Green, ce qui va lui permettre de connaître les origines de la culture House. Son approche musicale lui apporte une élégance et une gestuelle irréprochable. Il intègre ensuite le groupe Ykanji pour de nombreuses créations et de grandes tournées à l’étranger. Également DJ, il anime des soirées et manifestations dans le cadre du projet Spirit’n’Mouv.
Rabah Mahfoufi est le fondateur du groupe Mission Impossible en 1989. C’est à la Villlette que Rabah présente le 1er spectacle Hip Hop Newschool et House Kurious Elegant. Ensuite, il intègre le collectif Moov créé par le CND et présente le spectacle Come fly with us avec la musique du groupe de jazz Le Grouv Gang de Julien Loureau. Il sera aussi l’un des fondateurs du Groupe Ykanji qui présentera la création Les Glisseurs du temps ainsi que différents show sur de nombreux plateaux télé. Son parcours va faire de lui l’un des pionniers de la House Dance en France, il initiera le projet Spirit’N Moov pour développer cette culture à travers des stages, des spectacles et festivals.

(photo : Eric Legrand)

Fauchés en plein rêve, de Karim Amghar et Olé Khamchanla
Le duo Fauchés en plein rêve est une relecture des deux créations Nous sommes tous... et Deuxième temps, mémoire de la Compagnie A'corps (
lien vers le site).
Beaucoup moins ancré dans la culture hip-hop, ce spectacle a laissé plus de place à l'intériorisation et l'interprétation. Toute une partie était dansée sans musique, dans le silence des corps et des souffles. La première partie semble exprimer la volonté de se défaire de liens qui nous étouffent, peut-être de contraintes sociales qui nous enferment dans des clichés. La deuxième mettait en scène la rencontre et le rejet successifs de ces deux corps, de ces danseurs à la personnalité très différente : Karim Amghar très masculin, dur et même brutal, et Olé Khamchanla plus ambigü, délicat et souple comme un félin. L'hypothèse de leur éventuelle attirance physique reste posée.
Citation sur Deuxième temps, mémoire : «[Les chorégraphes] souhaitent, dans cette nouvelle création très masculine, exprimer les besoins, les envies, les nostalgies, les frustrations, les passions, les émotions d’un moment, une envie de se dévoiler émotionnellement et mentalement. »
Karim Amghar est originaire d'Algérie (Kabylie). Danseur depuis 1991, il intègre la compagnie TRACTION AVANT en 1995, et participa à la création Désert en 1996, break danse et buto, sous la direction artistique de Sumako Koseki et effectue une tournée internationale. Il collabore avec la compagnie contemporaine Pierre Deloche en 1997 avec la création Place. En 1998, fondateur, directeur artistique et chorégraphe de la compagnie A’CORPS, il fit une tournée nationale et internationale avec les pièces Rencontre, Canthis et Symbiose. Il fait un travail de recherche pour une nouvelle écriture chorégraphique de la danse Hip-Hop.
Olé Khamchanla est originaire du Laos, il fait ses débuts en 1990 et découvre le Hip-Hop en 1994. Il se forme avec plusieurs danseurs professionnels, en s’ouvrant à la capoeïra et au contemporain. Il travaille aussi avec différents danseurs et chorégraphes comme Fred Bendongue, Gabin Nuissier, Maître Béja Flor, Abou Lagraa, Storm, Monica Casadei, Dominique Guilhaudin. Directeur artistique, danseur et chorégraphe, il crée avec Karim Amghar, en 1998, la Compagnie A’CORPS. Leur première création sera Rencontre avec laquelle ils effectueront une tournée nationale et internationale (Rencontres des Cultures Urbaines 1999 à Paris, Cannes, Turquie…).

(photo : Eric Legrand)

Les deux pièces n'avaient aucun décor, seules les lumières colorées créaient la mise en scène.

25.5.06

Développement durable au LFH

Dans le cadre de l'"éducation à l'environnement pour le développement durable" (EEDD), qui fait partie intégrante de la formation initiale de tous les élèves depuis la rentrée 2004, les élèves du Lycée Franco-Hellénique d'Athènes (où j'ai fait toute ma scolarité) ont créé et rédigé des blogs sur 14 thématiques liées au sujet, qui se trouvent tous reliés au blog principal :
http://eedd-lfh.blogspot.com/

Allez faire un tour sur les blogs tenus par les élèves, il y en a qui sont intéressants ou drôles ! je suis presque jalouse de ne pas être passée par là...
Très bonne initiative en tout cas.

24.5.06

C.R.A.Z.Y., la surprise québécoise

Quelle découverte agréable que ce C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée !

Le synopsis :
25 décembre 1960 : Zachary Beaulieu vient au monde entre une mère aimante et un père un peu bourru mais fier de ses garçons. De 1960 à 1980, entouré de ses quatre frères, de Pink Floyd, des Rolling Stones et de David Bowie, entre les promenades en moto pour impressionner les filles, les pétards fumés en cachette, les petites et grandes disputes et, surtout, un père qu’il cherche désespérément à retrouver, Zac nous raconte son histoire...
Pour en savoir plus sur le film, je vous invite à vous rendre sur le site officiel (où l'on réécoute aussi la chanson de David Bowie Ground Control To Major Tom) :
Il est difficile de tenter un angle d'approche tant ce film aborde de questions diverses ! Les relations père-fils mais aussi mère-fils, les relations fraternelles que l'on voit notamment à travers le personnage de Raymond, la religion et la foi, l'homosexualité et les difficultés qu'elle engendre au sein de la famille... n'en sont que quelques uns.

Petite analyse synthétique réalisée à partir de notes de production trouvées sur le Web :
1) une mise en scène étonnante
Elle est à l’image de la famille Beaulieu : parfois sobre, parfois éclatée. La difficulté était de trouver le juste équilibre entre des moments de transparence de la mise en scène, où l’histoire est au premier plan, et des moments où la technique du cinéma peut accompagner l’imaginaire fertile de Zac. Jean-Marc Vallée dit avoir voulu tout essayer : images gelées, brisures de son, silences étranges, effets de ralenti, de « ramping », montages «hip hop», cadrages inusités, focales extrêmes, éclairages à hauts contrastes, mouvements de caméra dramatiques... Avec ce scénario, il y avait la possibilité de jouer pleinement avec les images, la musique, les sons, le montage... De faire un spectacle.
2) une certaine nostalgie
Le film cherche à récréer le style de l’époque, par des objets mais aussi par les sensations, celles que procurent le tissu synthétique ou la texture d’un microsillon. Les Beaulieu traversent les expériences et vieillissent, passent les modes, voient la société se transformer... alors que le seul grand changement notable de la famille tient sans doute à la priorité pour Gervais, le père, de changer d’auto tous les ans.
3) de la musique
La famille Beaulieu a réellement la musique dans la peau... Dès son plus jeune âge, Zachary se voit offrir toutes sortes d'instruments de musique... La musique relie véritablement tous les membres de la famille, avec le secret d'un disque cassé (comme la rupture entre père et fils, que Zachary cherchera à rétablir) et la reprise systématique de la chanson Emmenez-moi au bout de la terre, d'Aznavour, par le père lors des réunions de famille.
Certaines chansons peuvent avoir un sens directement lié à l'histoire : "De façon ironique, quand le père casse les oreilles de Zachary avec la chanson d’Aznavour, Emmenez moi au bout de la terre..., il l’aide symboliquement à partir. Comme si Zachary suivait les préceptes de la chanson, il décide de son voyage, qui marque une rupture et un grand pas pour assumer sa différence. Et «Aller au bout de la terre», lui permet de revenir, plus fort. Autre exemple avec Patsy Cline (qui chante Crazy). Elle est LA chanteuse sentimentale des cœurs brisés. Or, dans la famille Beaulieu, le père est un vrai macho et tous ses enfants sont des garçons. Son cœur tendre, très féminin et non assumé, ne s’extériorise que par cette passion pour Patsy Cline et sa chanson, Crazy. C’est grâce à cette «faiblesse» - sa sensibilité - qu’il finit par évoluer. Enfin, grâce à Space Oddity de David Bowie, Zachary peut crier à Dieu «M’entends-tu ?» et s’adresser à lui en le défiant. Toutes ces chansons que l’on écoutait dans les années 70, ne sont pas un simple fond musical : les personnages du film ne se contentent pas de les entendre, ils vivent avec. Dans la famille Beaulieu, la musique a comme un pouvoir magique. A des milliers de kilomètres, l’osmose entre la mère et son fils peut encore s’exprimer à travers elle."

Véritable phénomène au Québéc - le film a cumulé 1 million d'entrées pour une population de 7 millions d'habitants ! - C.R.A.Z.Y a remporté pas moins de 14 trophées aux Jutra (l'équivalent des Césars), soit la totalité des récompenses qu'il convoitait ! Entre autres, le prix du meilleur film, celui de la meilleure réalisation, de la meilleure direction de la photographie (Pierre Mignot), du meilleur montage et celui du film s'étant le plus illustré hors Québec. Marc-André Grondin (Zac) a obtenu le prix du meilleur acteur, et ses "parents", les comédiens Danielle Proulx et Michel Côté, ont été récompensés dans les catégories meilleur acteur et meilleure actrice de soutien.

De quoi nous donner envie de découvrir davantage le cinéma québécois... et David Bowie.

En bonus, voici les paroles de la chanson Ground Control To Major Tom :

Ground control to Major Tom Ground control to Major Tom:
Take your protein pills and put your helmet on
Ground control to Major Tom: Commencing countdown engine's on
Check ig-nition and may God's love be with you

This is ground control to Major Tom, you've really made the grade!
And the papers want to know whose shirts you wear,
Now it's time to leave the capsule if you dare

This is Major Tom to ground con-trol, I'm stepping through the door
And I'm floating in the most peculiar way
And the stars look very different today

For here am I sitting in a tin can, far above the world
Planet Earth is blue and there's nothing I can do

BRIDGE

Though I'm passed one hundred thousand miles, I'm feeling very still
And I think my spaceship knows which way to go,
tell my wife I love her very much she knows

Ground control to Major Tom:
Your circuit's dead, there's something wrong.
Can you hear me Major Tom?
Can you hear me Major Tom?
Can you hear me Major Tom? Can you ...

Here am I floating round my tin can, far above the moon
Planet Earth is blue and there's nothing I can do

22.5.06

¡ Almodóvar : Exhibition !

Profitant de la Nuit des musées (le samedi 20 mai), je suis allée à la Cinémathèque française voir l'exposition consacrée au cinéaste espagnol Pedro Almodóvar. Malgré une forte affluence - il est vrai que les médias ont fait une grande promotion autour de cet événement -, j'ai beaucoup apprécié l'originalité de cette exposition, organisée autour des grandes thématiques qui traversent l'oeuvre du cinéaste, et reflétant tout à fait son univers cinématographique.
En consacrant une exposition à Pedro Almodóvar, la Cinémathèque française propose à travers un parcours parsemé de divers objets fétiches - affiches, photographies, tableaux, décors, bruits, extraits de films, et tant d'autres choses encore - une lecture vivante et ludique d'une oeuvre visuelle et plastique parmi les plus stimulantes du cinéma contemporain.

Sur le site web de la Cinémathèque, le co-commissaire de l'exposition, Matthieu Orléan, a pris le soin de décrire en détail les différents espaces de l'exposition. Il commence par en expliquer le principe général : Les différents espaces de l'exposition seront traités selon deux partis pris esthétiques différents. D'une part, une vivacité des couleurs, fidèle à la première image que l'on a du cinéma de Pedro Almodóvar (pour l'espace Pop et l'espace Spectacle notamment). D'autre part, un univers visuel plus épuré, simplifié (noir, blanc, couleurs neutres), suggérant l'évolution du cinéaste, plus intéressé aujourd'hui par les contrastes entre blanc/noir, ombre et lumière, que par la couleur pour la couleur (cette approche sera sensible dans l'espace de la Figure humaine et l'espace sur l'Écrit, notamment).
Pour ne pas trop en dévoiler, je me contenterai de citer les espaces de l'exposition :
1) Emois. L'œuvre au rouge et l'origine d'une passion.
2) Almodóvar et Madrid, emblèmes ensemble
3) En plein corps
4) La Figure Humaine
5) Pop
6) L'Écrit
7) La Vie Spectacle
Je pense qu'il vaut mieux découvrir l'exposition sur place pour se laisser surprendre, et qu'il est plus intéressant de lire cette description après (lien
ici). Elle permet de comprendre les intentions souhaitées par les organisateurs, qui ont conçue cette exposition avec la complicité du réalisateur, à partir d'éléments plastiques variés : peintures, dessins, affiches, photographies, costumes. Des extraits des films et d'un entretien avec Pedro Almodóvar viennent compléter ces éléments.
A voir jusqu'au 31 juillet.

Premières leçons de conduite

L'autoécole étant saturée de monde, j'ai dû patienter plus d'un mois après avoir obtenu mon code : ça y est, j'ai enfin commencé les leçons de conduite. J'avais déjà été "initiée" par mon père et mon frère, sur un terrain vague près d'Athènes (photo). Mais la Citroën de mon père étant une essence, je démarrais difficilement et n'arrêtais pas de caler. Ils m'ont surtout appris quelques rudiments de technique, comme le lien entre le moteur, l'embrayage, le boîtier de vitesses et les roues...
J'ai donc fait connaissance avec les deux moniteurs qui m'accompagneront tout au long de mon apprentissage : Henry, le patron de l'autoécole, qui a la carure et l'âge d'un patron d'autoécole (!), et Miguel, qui ne m'est pas totalement inconnu puisque c'est lui qui assurait quelques uns des cours de code. J'ai appris qu'il vient d'avoir un bébé, une petite fille nommée Louise !
Lors de mes trois premières leçons, j'ai déjà pu apprécier les joies et les risques de la conduite. La joie d'apprendre et de mémoriser les suites de mouvements à exécuter, de comprendre l'importance du regard, la précision et la force des gestes. Celle aussi de commencer à prendre des initiatives, ainsi que de pouvoir participer à une discussion tout en conduisant (oui, déjà !). Mais aussi, quelle pression à gérer quand on me dépasse, me klaxonne, que je dépasse des obstacles ou même, que je dois éviter de justesse un piéton qui ne m'a pas vue arriver et se met brusquement à marcher sur la chaussée juste devant moi ! A juste titre, Miguel me disait de ne pas oublier de respirer !

21.5.06

Quelques photos de mon séjour à Athènes

Vous pouvez cliquer sur les photos pour les aggrandir.
La ville antique :
Balade en montagne :
La plage :

20.5.06

Les grands ballets de la Martinique

Cette année, à la Foire de Paris, j'ai assisté au spectacle des grands ballets de la Martinique, donné dans la joie et la bonne humeur, et surtout, avec de très jolis costumes !
"Le GRAND BALLET DE MARTINIQUE est considéré à juste titre comme le plus brillant ensemble de la Caraïbe. Expression artistique de l'art antillais, il a par la diversité de ses danses, la richesse de ses costumes et la beauté des types humains, enthousiasmé ainsi bien les spécialistes du folklore que le grand public. Les danses et les chants évoquent le passé de cette France lointaine des Antilles. Les évolutions traditionnelles sont teintées d'un exotisme prenant sans jamais tomber dans le doudouisme. Elles apportent les joies et les douleurs d'une histoire qui des temps reculés de l'esclavage conduit à la Martinique moderne d'aujourd'hui. "
Plus d'infos sur l'histoire du groupe : ici.


16.5.06

Après les concerts, les albums

Après avoir découvert en concert Chico César (Brésil) et Ray Lema (Congo) en février, dans le cadre des Scènes d'Hiver au Cabaret Sauvage (programme ici), et le Sénégalais Chérif M'Baw en avril au Satellit Café (programme ), j'ai trouvé deux albums : Chico César, une compilation éditée par Putumayo World Music, et Demain, le dernier album de Chérif M'Baw (2005).

Chico César est l'un des artistes les plus colorés de la scène musicale contemporaine du Brésil. Sa musique est clairement influencée par les rythmes et les mélodies de l'accordéon du Nord-Est brésilien, mais il reconnaît s'inspirer également d'autres musiciens comme Donna Summer, Led Zeppelin, Salif Keita, Pink Floyd, Bob Marley et de nombreux artistes brésiliens. Le résultat est un mélange très dansant de sonorités brésiliennes, samba et forro notamment, avec du rock et du reggae. Je suis bien contente de réécouter des chansons comme "Mama Africa" ou "Mand'ela" pour entonner à nouveau le refrain. Chico César vient de sortir un nouvel album, "Uns tempos pra cá".... à découvrir.
L'album de Chérif M'Baw Demain, son deuxième après Kham Kham en 2001, m'a surpris surtout par sa composition musicale. C'est un album très accoustique qui laisse leur place aux instruments traditionnels, flûte, cora, percussions diverses. Comme je l'avais remarqué lors du concert, c'est une musique proche d'un Sénégalais mondialement beaucoup plus reconnu, Youssou N'Dour, mais qui, musicalement et vocalement, n'a pas grand chose à lui envier à mon sens.
Le site officiel vous en dira plus : http://www.cherif-mbaw.com.
Ce que j'ai apprécié, pour les deux albums : le livret contient les paroles des chansons en langue originale et traduite en anglais ou français.

8.5.06

La plus belle histoire de l'amour : le monde romain

Le monde romain : L'invention du couple puritain (par Paul Veyne)
Sur les murs de Pompéi subsistent encore des peintures, datant du 1er siècle av. J.-C., représentant des époux romains qui, comme des instantanés, s'efforcent de donner du couple une image idéale. Dans le monde de l'aristocratie antique, le couple modèle parfait "l'idée du mariage : donner à la cité, à la patrie, de bons citoyens et des chefs qui perpétueront l'ordre social et la lignée". "Le mariage est un devoir citoyen, et il est de bon ton que les époux s'entendent. Dans leur représentation sur les sarcophages, ils se tiennent toujours la main, comme pour suggérer une entente égalitaire."
Mais la réalité est toute autre que l'image idéalisée : "Ce monde romain-là est celui de l'esclavage. L'épouse n'est qu'une petite créature. On la bat à l'occasion. Si on la ménage, c'est à cause de sa dot ou de son noble père. Elle fait des enfants et arrondit le patrimoine. Elle n'est qu'un outil du métier de citoyen, un élément de la maison, comme le sont les fils, les affranchis, les clients et, tout en bas de l'échelle, les esclaves." Charmant ! Pire : il est admis que le mari peut avoir ses petites esclaves et ses petits esclaves en toute légalité, ils sont "là pour cela" (dans ce cadre, l'homosexualité est admise).
L'option alternative au mariage est le concubinat, parfaitement reconnu. La différence, c'est que les enfants ne sont pas légitimes, ils n'héritent pas. "Si bien que la grande question est celle-là : est-ce que je reste à mon harem d'esclaves ou à mon affranchie favorite ? Ou est-ce que je me marie, en homme sérieux, pour donner à l'Etat des citoyens de plein droit ?".
Le mariage est donc avant tout un devoir civique, quasi militaire : on se marie pour bénéficier d'une dot, moyen honorable de s'enrichir, et pour donner des citoyens à la patrie. En même temps, aucun pouvoir public ne contrôle le mariage, ni maire, ni curé, et on divorce de la même manière : quand on en a envie. La femme elle-même divorce quand elle veut et, il arrive ainsi que le mari ne sache même pas s'il est encore marié ou divorcé (!).
Quant au sort de la femme seule, célibataire ou divorcée, elle est souvent entretenue par l'homme qui établit une liaison avec elle. Il convient qu'il l'aide à vivre et lui accorde une pension. La femme est même en droit de réclamer devant la justice cette pension ! Le statut de la femme entretenue est tout à fait légitime !
Et puis, être veuve est un statut idéal, parce que la femme veuve a une liberté de moeurs absolue, elle administre ses biens elle-même et choisit son régisseur dont elle est généralement la maîtresse. Du coup, la veuve riche est assiégée par de véritables "chasseurs", qui trouvent ce moyen pour amasser une fortune.
Dans ce contexte, la sexualité est conçue d'une manière militaire. La nuit de noces est un viol légal, le jeune époux ne déflore pas sa femme dès la première nuit, il la sodomise. Rome étant une société militariste, l'homme doit être un "vrai chef", même au lit ! "Le monde romain est un monde mahométan avant l'heure, il est puritain". Il y avait une vraie censure des moeurs : on ne fait l'amour que la nuit, sans allumer de lampes. Toutes les statues nues, nobles, distinguées et sensuelles, montrent à quel point l'imaginaire des Romains est différent des conduites réelles et du discours officiel, très machistes. Inutile d'évoquer le plaisir féminin : il est "un gouffre d'hystérie", tandis que le plaisir masculin est une faiblesse que l'on tait.
Le monde romain est donc plein de contradictions : d'un côté, la femme est idéalisée à l'intérieur du mariage ; le divorce est plus égalitaire encore que dans notre droit moderne ; de l'autre, il y a ce mépris absolu des hommes pour tous les inférieurs, dont les femmes.

Et puis, un changement mystérieux intervient peu avant l'an 200, au temps de Marc Aurèle : on se met à interdire les mauvaises moeurs. Hostilité à l'avortement, à l'exposition des enfants (courante et quasi officielle avant), à l'homosexualité. L'entente dans le mariage devient un contrat mutuel, l'adultère du mari est considéré comme aussi grave que celui de la femme. Les époux doivent ne faire l'amour que pour procréer. Ce sont donc les Romains, encore païens, qui ont inventé la morale conjugale et le couple puritain, bien avant les Chrétiens. "Ceux-ci se sont contentés d'adopter et de durcir la nouvelle morale païenne, le stoïcisme de Marc Aurèle, en y ajoutant par ascétisme leur propre haine du plaisir. [...] Dire que le christiannisme est le fondement de notre morale est dépourvu de sens." On en fait des découvertes incroyables...

A suivre... (le Moyen Age)

6.5.06

La plus belle histoire de l'amour : la préhistoire

Grâce à un ami qui travaille et loge chez Jacques Le Goff, historien spécialiste du Moyen Age, j'ai reçu de ses mains, dédicacé, le livre La plus belle histoire de l'amour, paru aux Editions du Seuil en 2003. Plusieurs historiens ont contribué à cet ouvrage, qui prend la forme d'une suite d'entretiens réalisée par Dominique Simonnet, rédacteur en chef à L'Express. De l'âge paléolithique à nos jours, le livre retrace dans sa continuité l'évolution de la vie intime, l'Histoire de l'amour. Il s'articule selon trois volets : le mariage, le sentiment, le plaisir, ou si l'on préfère, la procréation, l'amour, la sexualité. Je trouve un vif intérêt à lire cet ouvrage, qui fait tomber nombre d'idées reçues : la préhistoire n'était pas si sauvage qu'on le croit, les Romains n'étaient pas libérés et épanouis mais des puritains avant l'heure, l'amour médiéval était peu courtois et le siècle du romantisme particulièrement hypocrite et brutal. J'aimerais partager ces découvertes avec vous au fil de ma lecture, en vous proposant quelques synthèses et citations.
La préhistoire, la passion de Cro-Magnon (par Jean Courtin)
Le passage de l'instinct animal à un sentiment profond correspond à la période de l'Homo sapiens : il est le premier à accorder un grand soin à ses défunts, ce qui dénote une forme d'attachement à ses semblables. Hommes, femmes et enfants étaient inhumés de manière systématique, avec autant d'égards pour les uns que pour les autres. Le sentiment amoureux va de pair avec la considération portée aux morts, avec le sens de l'esthétique, de l'ornementation. Donc, avec des caractéristiques proprement humaines, qui ont été développées par l'homme de Cro-Magnon, à partir de -100 000 ans en Afrique et au Proche-Orient, vers -35 000 ans en Europe.
"Les Cro-Magnon parlaient, ils avaient le même cerveau que nous, ils rêvaient comme nous, éprouvaient les mêmes émotions, les mêmes sentiments que nous, et devaient connaître eux aussi le désir, la jalousie, la pitié, et les caprices de la passion. On peut même imaginer que ces amours originelles étaient plus intenses, plus vraies que les nôtres, parce que dégagées de toutes contingences, de règles sociales, et de soumission à une norme". Jean Courtin décrit un paradis terrestre ! "Le paléolithique, c'était l'âge d'or. Les ressources étaient abondantes, et les hommes peu nombreux. [...] Nos ancêtres vivaient en semi-nomades, par groupes d'une trentaine de personnes, assez dispersés mais pas isolés". L'ethnologie confirme que chez de nombreux groupes de chasseurs-cueilleurs, il y avait des rencontres annuelles, des grandes fêtes, où l'on échange et où on se lie (pour éviter la consanguinité !). Les premiers êtres humains vivaient en couple, la polygamie n'existera que plus tard chez les agriculteurs. D'ailleurs, la superficie des huttes dans les sites de plein air étudiés correspond à des familles peu nombreuses. L'idée du bon sauvage de Rousseau n'est finalement pas si loin de la réalité : "A l'âge paléolithique, on ne relève pas de cas de morts violentes données par d'autres humains, pas de blessures de projectiles". Toutefois, il s'agit d'une société très machiste : l'homme partait chasser pendant que la femme restait à la maison, s'occupait des enfants, raclait et tannait les peaux pour les vêtements et entretenait le feu. En même temps, c'est bien l'homme qui prenait tous les risques pour ramener la viande quotidienne ! Quant à la sexualité des hommes et des femmes préhistoriques (qui voyaient les animaux à longueur de temps), elle n'était peut-être pas raffinée, mais ils devaient quand-même s'apprécier, s'aimer.
Et puis, au néolithique, à partir de -10 000 ans, commence le début des ennuis avec la naissance et l'expansion du mode de vie paysan. Les agriculteurs-éleveurs sédentaires doivent définir les règles de la vie collective. "L'autorité, qui décide du partage des tâches, régente aussi la vie privée. On ne peut plus sans doute choisir librement sa compagne ou son compagnon, il est probable que s'imposent alors une norme des relations sexuelles et des règles d'alliance qui résultent de la propriété des biens." Le néolithique a inauguré pour les femmes le début des contraintes, avec la multiplication des tâches domestiques et la participation aux tâches agricoles. C'est aussi à ce moment-là que le rapt, le viol, l'esclavage naissent et se développent. Le monde moderne est en marche...

A suivre... (le monde romain)

5.5.06

Deux drôles surprises

J'ai été très agréablement surprise par l'originalité des deux dernières comédies françaises que j'ai vues au cinéma : Enfermés dehors, d'Alain Dupontel, et OSS 17, Le Caire, Un nid d'espions, de Michel Hazanavicius. Pour les deux films, j'ai eu l'impression de savourer de vrais moments de cinéma (et non de télévision comme c'est souvent le cas avec la majorité des comédies françaises "grand public"). Pour le premier, j'étais déçue quand la fin est arrivée, trop tôt à mon goût ; pour le deuxième, je n'arrêtais pas de souhaiter que le film ne finisse pas, pas encore !... pour rallonger le plaisir au maximum.
Dans le film de Dupontel, le burlesque et l'imaginaire loufoque côtoient une dimension très sociale, chose très rare au cinéma mais très bien réussi ici. Pas de bons sentiments suggérant la compassion, ces personnages marginaux et S.D.F. sont de vrais personnages de film, très attachants. La mise en scène est très dynamique, avec beaucoup d'action, de gags et d'effets de caméra en tous genres, toujours au service de l'humour évidemment. On découvre un Dupontel transfiguré, qui n'arrête pas de jouer avec les mimiques (et pas seulement lui d'ailleurs).
L'affiche d'OSS 117 m'avait induite en de mauvais préjugés sur le film ; je pensais qu'il se moquait de James Bond et je n'en voyais pas l'intérêt. Les quatre étoiles des Cahiers du cinéma et le bouche-à-oreille positif m'a décidée à le voir.

Et je m'étais trompée : le film est une succession de clins d'oeil, de références et finalement un hommage à un certain cinéma d'action des années 50 et 60. Entre les trucages volontairement visibles (la miniature d'un avion, un paysage défilant derrière une voiture en réalité immobile), les situations rocambolesques (Dujardin se retrouve par erreur dans la réunion d'un groupe extrêmiste, ou enfermé avec des nazis dans une pyramide !), et les jeux de mots incessants dans les dialogues, j'ai rarement autant ri au cinéma ! Le personnage colle à merveille à la peau de Jean Dujardin, qui a su adapter son talent comique au film. En même temps, j'ai trouvé ce film, dont l'action se situe au Caire en 1955, très contemporain : le rapport des Français à l'Islam et plus généralement "l'arrogance française" à l'égard de "l'étranger" sont mis en question. Sans oublier le côté extrêmiste de certains islamistes... dont profite un vendeur d'armes français !
Bref, ces films très différents, mais tous les deux destinés à un large public, semblent apporter un souffle nouveau à la comédie française. Ca fait du bien !

3.5.06

The secret life of words

Il est rare que je sorte d'une séance de cinéma en me disant : "ce film-là, j'aurais aimé l'avoir réalisé". The secret life of words m'a touchée droit au coeur, tout comme le premier film d'Isabel Coixet, Ma vie sans moi (2003), avec la même actrice Sarah Polley. On retrouve toute l'émotion et la douceur de la jeune réalisatrice espagnole, dans un sujet tout aussi grave. On retrouve également tout le talent de la jeune actrice canadienne, délicate et mystérieuse.

Le synopsis (traduit du site officiel du film) : Un lieu isolé au milieu de la mer. Une plateforme pétrolière où ne vivent que des hommes, ceux qui y travaillent, et où vient d’avoir lieu un accident. Une femme mystérieuse et solitaire, essayant d’oublier son passé (Sarah Polley) débarque sur la plateforme pour soigner un homme (Tim Robbins) qui a temporairement perdu la vue. Entre eux se crée une étrange intimité, un lien fait de secrets, tissé de vérités, de mensonges, d’humour et de souffrance, qui ne les laissera pas indemnes et changera leur vie. Un film sur le poids du passé. Sur le silence soudain qui se produit avant une tempête. Sur vingt-cinq millions de vagues, un cuisinier espagnol (Javier Cámara) et une oie. Et, par-dessus tout, sur la puissance de l'amour même dans les circonstances les plus terribles.

Le film, produit par Pedro et Augustin Almodovar (on remarque des ressemblances avec Parle avec elle), a été le grand gagnant des Goya 2006 : meilleur film, meilleure mise en scène, meilleur scénario original et meilleure production exécutive.

2.5.06

Retour sur la Pâque orthodoxe

Pour la première fois cette année, et pour d'obscures raisons que je ne m'explique pas - sans doute la nostalgie de la tradition -, j'ai voulu faire un petit quelque chose de spécial pour la Pâque orthodoxe à Paris. Alors le 22 avril au soir, après être allés au théâtre voir Bambi, elle est noire mais elle est belle de la Sénégalaise Maïmouna Gueye (commentaires ici), nous avons tenté de repérer la petite église de Saints Constantin et Hélène, dans le IXe arrondissement, pour écouter le "Christos Anesti" à minuit. Nous aurions aussi pu aller à la Cathédrale Saint-Stéphane, dans le XVIe, mais je craignais une ambiance trop solennelle et préférais un lieu plus intime.
Les feux rouges et les sens interdits aidant, je suis arrivée dix minutes trop tard. Pour la peine et bien que déçue, je suis tout de même entrée dans ce lieu où je me suis tout de suite sentie très mal à l'aise entre toutes ces personnes bien sapées, en costards et tailleurs ; j'étais bien la seule à porter un jean.
J'ai quand-même eu deux bonnes surprises :
1) certains passages étaient en Français, ce qui montre une volonté d'intégration de l'Eglise hellénique dans le pays d'accueil ;
2) il y avait deux Noirs dans le coeur, qui entonnaient tout naturellement les psaumes orthodoxes ! (ce qui montre une tolérance et une ouverture d'esprit que j'ai du mal à imaginer dans une église en Grèce).

Quelques jours plus tard, j'ai appris que c'est dans cette petite église qu'a été baptisé mon frère.

1.5.06

La technique, le matériel et la mémoire

Et voilà, j'ai passé mon premier mai à "travailler" sur la création de ce blog. Le problème, c'est que je ne connaissais rien au langage HTML tout en ayant une idée assez précise de ce que je voulais esthétiquement. Alors j'ai dû tatonner pour chercher les couleurs souhaitées : ce bleu gris en fond, par exemple, c'est le 106. Bien sûr, la présentation ne me satisfait pas encore pleinement. Notamment le titre où je voudrais mettre des photos ; je suis en train de me former à Photoshop, également à tâtons, alors patience ! Et puis, j'ai toujours eu envie de créer des catégories pour classer mes articles mais je n'ai aucune idée de comment je dois m'y prendre ! Je sens que j'ai encore pas mal de découvertes à faire, ce qui est assez excitant en soi, mais faudrait pas que je néglige le contenu non plus !
Pour l'instant, je ne me sens pas vraiment à l'aise, parce que je ne suis pas sur mon ordinateur. Mon cher ordinateur portable a été embarqué, suite à une conversation téléphonique avec le Service après vente d'Asus, par le transporteur TNT chez Asus Hollande, oui c'est bien ce qui était écrit sur le bordereau. Mettez-vous à ma place un instant. Je m'absente quelques minutes à la cuisine et quand je reviens m'asseoir devant l'ordinateur, un message apparaît sur fond bleu électrique : "si ce message apparaît pour la première fois, rallumez". Alors je rallume et le disque dur a disparu. Il n'est plus détecté. Problème matériel. Depuis (ça fait déjà 10 jours), je vis avec l'angoisse de savoir si je vais pouvoir récupérer mes données. Des données pratiques (cours, comptes, CV...) mais aussi sentimentales : des musiques récupérées à droite à gauche (non, jamais sur Internet !), toutes mes photos depuis un an et demi, dont certaines que je n'avais pas enregistré sur CD, et même des textes personnels et des dialogues msn importants dont j'aime garder une trace. Du coup, ça me donne la désagréable impression qu'une partie de ma propre "mémoire" s'est évaporée. Enfin, il faut encore que je patiente pour en avoir la confirmation.