15.9.06

Cinéma : les séances de la rentrée

De retour sur Paris, trois séances de rattrapage des films sortis le mois dernier - ou en début du mois de septembre.

La Science des Rêves (The Science of Sleep), de Michel Gondry, avec Gael Garcia Bernal, Charlotte Gainsbourg, Alain Chabat, Miou-Miou.
Le synopsis : Venu travailler à Paris dans une entreprise fabriquant des calendriers, Stéphane Miroux mène une vie monotone qu'il compense par ses rêves. Devant des caméras en carton, il s'invente une émission de télévision sur le rêve.
Un jour, il fait la connaissance de Stéphanie, sa voisine, dont il tombe amoureux. D'abord charmée par les excentricités de cet étonnant garçon, la jeune femme prend peur et finit par le repousser. Ne sachant comment parvenir à la séduire, Stéphane décide de chercher la solution de son problème là où l'imagination est reine...
Un film d'une folle créativité, un peu décousu, tout comme la confusion qui règne dans la vie du protagoniste, un jeune homme lunatique qui ne distingue plus ses rêves de la réalité. Gael Garcia Bernal l'incarne avec beaucoup de tendresse et d'humour ; Stéphanie (Charlotte Gainsbourg), elle-même très habile des mains et créatrice d'objets originaux (comme ce petit cheval auquel il va ajouter un moteur), forme avec lui un couple idéal, mais qui ne se retrouve que dans le monde imaginaire. En réalité, les deux personnages ont un problème de communication, se heurtant à la difficulté d'avouer leurs sentiments...
On se laisse porter par les trucages et les effets spéciaux du film, comiques ou poétiques, d'une inventivité débordante. Un petit tour sur le site officiel donne une très bonne idée du film.


Le Vent se lève (The Wind that Shakes the Barley), de Ken Loach, avec Cillian Murphy, Padraic Delaney, Liam Cunningham, Orla Fitzgerald.
(
Site officiel anglais ;
Site du distributeur français)
Le synopsis : Irlande, 1920. Des paysans s’unissent pour former une armée de volontaires contre les redoutables Black and Tans, troupes anglaises envoyées par bateaux entiers pour mater les velléités d'indépendance du peuple irlandais. Par sens du devoir et amour de son pays, Damien abandonne sa jeune carrière de médecin et rejoint son frère Teddy dans le dangereux combat pour la liberté. Alors que la détermination des insurgés mène les Britanniques dans l’impasse, les deux parties conviennent d’un traité pour mettre fin aux effusions de sang. Mais cette apparente victoire divise les Irlandais qui luttaient jusque-là côte à côte et déclenche une guerre civile : des familles se déchirent, des frères deviennent ennemis.
Le film dépeint les événements historiques de manière précise, laissant sa place autant à la cruauté qu'à l'émotion. Il s'intéresse à la fois aux dimensions collective et individuelle, alternant des séquences d'opposition entre groupes, et des séquences intimistes, qui se focalisent sur les réactions de Damien, de Teddy et de Sinead (la jeune femme avec laquelle Damien noue une relation amoureuse). Un ton très juste, des acteurs convaincants, des décors naturels splendides. Et une Palme d'or bien méritée à Cannes.
Le film suscite surtout une réflexion sur le pouvoir et la domination, ainsi que sur l'ambivalence entre le bien et le mal. Au début du film, on se projette du côté des "bons", des révolutionnaires qui se rebellent contre des armées anglaises inhumaines. Mais dans la deuxième partie du film, nos repères sont bouleversés. Il est difficile de savoir qui a raison entre ceux qui acceptent de manière pragmatique le traité signé avec les Britanniques, et les idéalistes qui continuent de vouloir se battre pour une indépendance absolue (leurs arguments respectifs sont d'ailleurs exposés dans une séquence cruciale du film). Ainsi les "bons" peuvent aller jusqu'au fratricide afin de combattre pour le camp choisi. Selon Ken Loach, les événements décrits dans le film trouvent un écho dans le monde contemporain : "Tout comme la guerre d'Espagne, ils représentent un moment crucial : comment une longue lutte pour l'indépendance peut être contrecarrée, au moment même où elle va aboutir, par un pouvoir colonial qui, tout en se débarrassant de son empire, sait parfaitement maintenir ses intérêts stratégiques. C'est là toute l'habileté de gens comme Churchill, Lloyd George, Birkenhead et les autres. Une fois coincés, quand il n'est plus vraiment dans leur intérêt de refuser l'indépendance, ils cherchent à diviser le pays. Ils soutiennent ceux qui, à l'intérieur du mouvement d'indépendance, acceptent que le pouvoir économique reste entre les mêmes mains (...) Je suis certain que la situation est la même aujourd'hui dans un pays comme l'Irak, où la résistance aux Américains et aux Britanniques rassemble nombre de gens qui découvriront qu'en fait leurs intérêts divergent quand les Américains auront enfin été forcés de partir."


Quelques jours en septembre, de Santiago Amigorena avec Juliette Binotte, Sarah Forestier, Tom Riley, John Turturro (produit par Paulo Branco). (Site officiel)
Le synopsis : 1er Septembre 2001. Elliot, un espion américain, décide de disparaître alors qu’il détient une information cruciale. Dans le même temps, il cherche à revoir sa fille Orlando, qu’il a abandonnée dix ans plus tôt. Irène, une amie de longue date, doit organiser la rencontre à Venise en compagnie de David, le fils adoptif d’Elliot. Mais c’est sans compter sur la présence de William Pound, un tueur sans scrupule, poète à ses heures…
Le film sait trouver un juste équilibre entre l'histoire d'espionnage - le suspense dure jusqu'au bout - et la rencontre d'Irène (Juliette Binoche), Orlando (Sara Forestier) et David (Tom Riley). Cette rencontre provoque des situations comiques (une bataille de coussins hillarante, rare au cinéma !), des dialogues croustillants (notamment sur le rapport Etats-Unis/France) et des moments de poésie. A l'opposé de certaines critiques, ce sont plutôt ces moments intimistes et plus longs qui m'ont plu. Le film déjoue les règles du genre, et nous avons ainsi un tueur (John Turturro) qui appelle son psychanalyste après avoir commis ses meurtres, et qui récite des vers poétiques. Enfin, l'ambiance visuelle et sonore du film est très travaillée, c'est un vrai plaisir.

2 commentaires:

Nuno Pires a dit…

"The Science of Sleep" est une de mes priorités (quand il sortira ici !). J'espère ne pas rater le Ken Loach également...

Nathako a dit…

Moi je n'ai pas eu le temps de les voir, je me rattraperai en octobre :p
Chapeau bas en tout cas à Monsieur Ken Loach qui n'arrête pas la course aux films, en parvenant à chaque fois à nous toucher.