Découvertes cinématographiques québécoises
A force de parler du Québec et de rêver du Québec en tant que possible projet d'avenir, cela donne envie d'en savoir plus sur la culture francophone de cette région du Canada. Alors, le Festival "Cinéma du Québec à Paris" tombe à pic. Il fête son 10e anniversaire cette année, mais je n'en avais pas entendu parler avant. Et jusqu'ici je pense n'avoir vu que trois films québécois en tout et pour tout : Les Invasions Barbares de Denys Arcand, La moitié gauche du frigo de Philippe Fallardeau, et C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée. Il faut dire que la distribution de films québécois est malheureusement bien peu développée en France...
Le premier film que je suis donc allée voir au Festival est La vie secrète des gens heureux, de Stéphane Lapointe, une comédie dramatique qui m'a attirée par son titre évocateur (site officiel ici). Il s'agit de l'histoire d'une famille presque parfaite, dont l'équilibre est perturbé par l'irruption d'une jeune femme mystérieuse et séductrice. Ce thème de la famille semble décidément au coeur des films québécois ! L'histoire vacille constamment entre légèreté et drame et est desservie par des acteurs exceptionnels qui lui apportent une épaisseur psychologique. Comme dans C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée, Stéphane Lapointe nous emporte aussi dans les rêves et les projections imaginaires des personnages, qui nous révèlent leurs obsessions et leurs angoisses, et qui sont subtilement mêlés à la réalité.
Un film touchant qui nous rappelle qu'il n'y a pas de recette pour être heureux - à chacun d'employer les moyens qui lui semblent bons pour y parvenir. Comme le fait judicieusement remarquer une critique du film que j'ai lue (ici), la séquence finale, projection imaginaire dans le bonheur à venir du jeune homme, Thomas, visant à donner une fin heureuse au film, malgré la décomposition de la famille, est sans doute de trop. Terminer sur une note un peu plus dramatique aurait permis au spectateur de mieux réfléchir et de ne pas sortir de la salle l'esprit soulagé par ce pseudo-dénouement.
Le deuxième film, que je suis allée voir samedi soir avec Collin, s'intitule Bon cop, bad cop, réalisé par Erik Canuel. C'est une comédie policière divertissante, qui a battu les records du box-office québécois ET canadien, comme nous l'a fièrement rappelé le producteur en début de séance.
Au niveau de l'histoire, rien de bien nouveau : la recherche d'un tueur en série par deux policiers, l'un de Montréal, l'autre de Toronto, obligés de collaborer sur l'enquête. Une sorte de Bad boys version canadienne. Et des procédés stylistiques de ce genre de films : actions accélérées, musique appuyant le suspense ou le rythme soutenu, gros plan sur les visages des personnages et explosions... Le principal intérêt résidait dans l'humour décapant des situations ou des répliques. La salle, mi-parisienne mi-québécoise, éclatait de rire si souvent !
Les deux protagonistes, aux antipodes l'un de l'autre - le francophone spontané et aux méthodes douteuses, l'anglophone élégant et respectant la procédure - finissent par s'entendre et se compléter. L'histoire vacille constamment entre les deux langues et les deux univers, ce qui constitue l'originalité du film. Bref, il y a de quoi passer un bon moment de divertissement pur.
Le troisième film que j'ai vu, Kamataki de Claude Gagnon, est d'un tout autre genre : calme, il s'installe dans la durée, dans la beauté, et fait même des incursions dans la philosophie. L'intrigue du film se déroule entièrement au Japon (excepté les deux premiers plans). Le réalisateur y a passé dix ans de sa vie.
L'histoire : Après une tentative de suicide, Ken-Antoine, 22 ans, est envoyé par sa mère au Japon chez son oncle Takuma, un potier sexagénaire très respecté. D'abord indifférent aux coutumes locales, Ken se laisse peu à peu séduire par l'art ancestral dont son oncle est l'héritier. Toutefois, le comportement volage de Takuma, qui vit avec sa femme et la veuve de son ancien maître tout en multipliant les conquêtes, choque le jeune homme, plutôt timoré sur le plan sexuel. Toutefois, sa perspective change lorsqu'il succombe aux charmes de l'assistante américaine de son oncle, avec qui il entame le «kamataki», exigeant rituel de cuisson des pots, d'une durée de dix jours.
On découvre le Japon à travers le regard de ce jeune homme canadien désemparé (interprété avec justesse par Matt Smiley), qui retrouve peu à peu sa curiosité, son énergie et son goût de vivre, aux côtés de son oncle (Tatsuya Fuji, l'acteur de l'Empire des sens et de l'Empire de la passion, de Nagisa Oshima). Une attention particulière est donnée à la matière et aux formes : les intérieurs japonais sont d'une belle simplicité, les paysages verdoyants respirent la tranquilité. On retrouve les belles choses de la vie, la nature - à travers ses éléments comme la pluie, le feu -, l'art - à travers l'artisanat mais aussi la musique - et aussi, surtout ! le désir et l'amour qui sont vécus très simplement, sans préjugés et sans interdits, comme un don de la vie.
Kamataki est un vrai plaisir visuel, sensuel et poétique. Sans doute le plus artistique de la série, pour terminer en beauté ces découvertes cinématographiques. A l'envie de découvrir le Québec vient s'ajouter celle de découvrir le Japon...
Sur le très beau site officiel, on en apprend davantage sur le film mais aussi sur la technique du kamataki.
Le premier film que je suis donc allée voir au Festival est La vie secrète des gens heureux, de Stéphane Lapointe, une comédie dramatique qui m'a attirée par son titre évocateur (site officiel ici). Il s'agit de l'histoire d'une famille presque parfaite, dont l'équilibre est perturbé par l'irruption d'une jeune femme mystérieuse et séductrice. Ce thème de la famille semble décidément au coeur des films québécois ! L'histoire vacille constamment entre légèreté et drame et est desservie par des acteurs exceptionnels qui lui apportent une épaisseur psychologique. Comme dans C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée, Stéphane Lapointe nous emporte aussi dans les rêves et les projections imaginaires des personnages, qui nous révèlent leurs obsessions et leurs angoisses, et qui sont subtilement mêlés à la réalité.
Un film touchant qui nous rappelle qu'il n'y a pas de recette pour être heureux - à chacun d'employer les moyens qui lui semblent bons pour y parvenir. Comme le fait judicieusement remarquer une critique du film que j'ai lue (ici), la séquence finale, projection imaginaire dans le bonheur à venir du jeune homme, Thomas, visant à donner une fin heureuse au film, malgré la décomposition de la famille, est sans doute de trop. Terminer sur une note un peu plus dramatique aurait permis au spectateur de mieux réfléchir et de ne pas sortir de la salle l'esprit soulagé par ce pseudo-dénouement.
Le deuxième film, que je suis allée voir samedi soir avec Collin, s'intitule Bon cop, bad cop, réalisé par Erik Canuel. C'est une comédie policière divertissante, qui a battu les records du box-office québécois ET canadien, comme nous l'a fièrement rappelé le producteur en début de séance.
Au niveau de l'histoire, rien de bien nouveau : la recherche d'un tueur en série par deux policiers, l'un de Montréal, l'autre de Toronto, obligés de collaborer sur l'enquête. Une sorte de Bad boys version canadienne. Et des procédés stylistiques de ce genre de films : actions accélérées, musique appuyant le suspense ou le rythme soutenu, gros plan sur les visages des personnages et explosions... Le principal intérêt résidait dans l'humour décapant des situations ou des répliques. La salle, mi-parisienne mi-québécoise, éclatait de rire si souvent !
Les deux protagonistes, aux antipodes l'un de l'autre - le francophone spontané et aux méthodes douteuses, l'anglophone élégant et respectant la procédure - finissent par s'entendre et se compléter. L'histoire vacille constamment entre les deux langues et les deux univers, ce qui constitue l'originalité du film. Bref, il y a de quoi passer un bon moment de divertissement pur.
Le troisième film que j'ai vu, Kamataki de Claude Gagnon, est d'un tout autre genre : calme, il s'installe dans la durée, dans la beauté, et fait même des incursions dans la philosophie. L'intrigue du film se déroule entièrement au Japon (excepté les deux premiers plans). Le réalisateur y a passé dix ans de sa vie.
L'histoire : Après une tentative de suicide, Ken-Antoine, 22 ans, est envoyé par sa mère au Japon chez son oncle Takuma, un potier sexagénaire très respecté. D'abord indifférent aux coutumes locales, Ken se laisse peu à peu séduire par l'art ancestral dont son oncle est l'héritier. Toutefois, le comportement volage de Takuma, qui vit avec sa femme et la veuve de son ancien maître tout en multipliant les conquêtes, choque le jeune homme, plutôt timoré sur le plan sexuel. Toutefois, sa perspective change lorsqu'il succombe aux charmes de l'assistante américaine de son oncle, avec qui il entame le «kamataki», exigeant rituel de cuisson des pots, d'une durée de dix jours.
On découvre le Japon à travers le regard de ce jeune homme canadien désemparé (interprété avec justesse par Matt Smiley), qui retrouve peu à peu sa curiosité, son énergie et son goût de vivre, aux côtés de son oncle (Tatsuya Fuji, l'acteur de l'Empire des sens et de l'Empire de la passion, de Nagisa Oshima). Une attention particulière est donnée à la matière et aux formes : les intérieurs japonais sont d'une belle simplicité, les paysages verdoyants respirent la tranquilité. On retrouve les belles choses de la vie, la nature - à travers ses éléments comme la pluie, le feu -, l'art - à travers l'artisanat mais aussi la musique - et aussi, surtout ! le désir et l'amour qui sont vécus très simplement, sans préjugés et sans interdits, comme un don de la vie.
Kamataki est un vrai plaisir visuel, sensuel et poétique. Sans doute le plus artistique de la série, pour terminer en beauté ces découvertes cinématographiques. A l'envie de découvrir le Québec vient s'ajouter celle de découvrir le Japon...
Sur le très beau site officiel, on en apprend davantage sur le film mais aussi sur la technique du kamataki.
3 commentaires:
Alors ce projet d'aller s'installer au Québec tient toujours ? Wow... J'ai l'impression de voir Paris se dépeupler.
Je connais également très peu le cinéma québecois, je crois n'en avoir vu que trois moi aussi (Les Invasions Barbares, Le Déclin de l'Empire Américain, et CRAZY). D'après ces trois films, ça m'a l'air d'être un cinéma divertissant, mais j'aurais du mal à en dire plus, et j'avoue avoir peu de curiosité de ce côté-là.
Le Japon, par contre... Ah la la! Ma curiosité grandit, grandit. Je suis dans une période de découverte des classiques japonais, et l'envie de découvrir le Japon, je n'en parle même pas :p
Bon ben je crois que je vais lancer une agence de voyage pour vous faire partir!
Mais à condition que je sois de la partie, impossible de vous savoir partis au Japon sans moi :-pp
Sans problème ! tu seras notre guide !
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