22.1.07

Truands vs Infiltrés

Ayant vu Truands de Frédéric Schoendoerffer et Les Infiltrés (The Departed) de Martin Scorsese à deux jours d'intervalle, je me permets ici un rapprochement osé entre ces deux films. Ils décrivent tous deux un univers de violence où des luttes de pouvoir sont en jeu, mais c'est bien leur seul point commun !

Je suis allée voir Truands sans avoir lu de critique avant. Je ne m'attendais pas forcément à un film grandiose, mais alors quelle déception ! Je n'ai vu à l'écran qu'une succession de séquences de violence et de sexe, des personnages agressifs, un montage agressif, des dialogues agressifs... Le tout vide de toute histoire ou de sens. Ne parlons même pas de morale ou de message ! Une pléiade d'acteurs mauvais frisant le ridicule, et une mise en scène de mauvaise série TV...
Le seul intérêt de ce film, qui m'a laissée perplexe, a été la ressemblance du personnage incarné par Benoît Magimel avec Robert De Niro dans plusieurs films de Scorsese... seul survivant du film d'ailleurs, avec un parallèle à faire peut-être avec Casino (?). Mais sa prestation de personnage plus trouble et ambigu que les autres (traître, d'ailleurs) n'a pas suffit à faire remonter le niveau catastrophique du film... Il paraît d'ailleurs que le film se revendique d'un parti-pris réaliste... mais ce n'est pas parce qu'on nous montre de la violence à l'état cru qu'on peut l'avaler aussi facilement ! Pour ma part, je n'ai jamais (encore heureux) assisté à une scène de tuerie dans un parking parisien en plein air ! Du coup, je n'ai pas réussi à "entrer" dans le film ou à y "croire" un seul instant...

Aux antipodes du film de Schoendoerffer, Les Infiltrés de Martin Scorsese a largement été à la hauteur de mes attentes. Je dirai même qu'il m'a positivement surprise, maîtrisant le rythme, la mise en scène, le suspense, et même l'humour... Dans ce film, la violence fait partie d'un tout, mais ce n'est pas tout. Le scénario est cette fois totalement fictif (et invraisemblable), adapté d'ailleurs du long métrage hongkongais Infernal affairs d'Andrew Lau. Mais cela n'a aucune importance, il s'agit là bien de Cinéma : Scorsese stylise la violence, utilise à souhait l'ellipse, la suggestion et le symbole, et construit surtout des personnages mémorables... Soutenus par des seconds rôles convaincants, Jack Nickolson, Matt Damon et Leonardo Di Caprio sont époustouflants : ils jouent la tricherie et le mensonge devant les autres et devant nous, mais avec parfois des moments de vulnérabilité où ils révèlent leur vraie nature... Cela parvient à leur donner une forte épaisseur psychologique. Le film alterne entre la connivence avec le spectateur et la surprise. La fin, qui peut en décevoir certains puisqu'il n'y a pas de dénouement réel, apporte juste un coup de grâce (ou plutôt de balle !) à cette histoire pour l'achever plus rapidement, sans recourir à une morale apaisante. Au jeu risqué des infiltrés, il n'y a pas de vainqueur. Il n'y a ni bons, ni méchants : tous sont égaux face à une arme, et finalement, face à la mort...

3 commentaires:

Nuno Pires a dit…

Le thème des deux films semble, en effet, prêter à comparaison... Mais n'est pas Scorcese qui veut!

regardailleurs a dit…

Le sexe, la violence...il semble que ça vend bien.

Anonyme a dit…

Je trouve finalement que les infiltrés est plus inégal que son original, the departed (probablement un des mes films préférés). Cela dit ça me frappe de voir que benoit magimel sur l'image que tu as choisi de Truand ressemble à Sean penn jeune de manière frappante. Quand à la photo des Infiltrés elle est bouleversante et peut resumer une bonne moitié du film! Matt and co for ever!!