9.1.11

Incendies

Après Polytechnique, Denis Villeneuve est revenu en force avec son quatrième long-métrage Incendies, un des films québécois le plus acclamé par la critique et le public en 2010 (pour une fois qu'ils sont d'accord), une adaptation d'une pièce de théâtre de Wadji Mouawad. Sous l'influence du classement de ce film dans les "tops" de l'année 2010 par les critiques et des prix reçus dans les festivals internationaux, je suis allée au Cinéma du Parc pour un petit rattrapage.
D'emblée, le film nous plonge au Moyen-Orient, dans une scène où de jeunes garçons se font raser le crâne tout en regardant le spectateur dans les yeux ; et dans une ambiance hypnotique appuyée par la musique envoûtante de Radiohead. Cet étrange contraste est une ouverture toute significative pour un film qui oscille sans cesse entre le réalisme et un esthétisme prononcé.
Le synopsis : Lorsque le notaire Lebel fait à Jeanne et Simon Marwan la lecture du testament de leur mère Nawal, les jumeaux sont sidérés de se voir remettre deux enveloppes, l'une destinée à un père qu'ils croyaient mort et l'autre à un frère dont ils ignoraient l'existence.
Jeanne voit dans cet énigmatique legs la clé du silence de Nawal, enfermée dans un mutisme inexpliqué lors des dernières semaines avant sa mort. Elle décide de partir immédiatement au Moyen-Orient exhumer le passé de cette famille dont elle ne sait presque rien...
Simon, lui, n'a que faire des caprices posthumes de cette mère qui s'est toujours montrée distante et avare d'affection. Mais son amour pour sa soeur le poussera bientôt à rejoindre Jeanne et à sillonner avec elle le pays de leurs ancêtres sur la piste d'une Nawal bien loin de la mère qu'ils ont connue...



Même si l'on peut deviner qu'il fait référence à la guerre du Liban, le réalisateur prend soin de ne pas donner trop de détails historiques et de laisser un certain flou autour des événements passés ou des lieux évoqués. Cela ne rend le propos que plus universel.
Le récit est servi par de constants allers-retours dans le passé de cette mère si courageuse, dont ses enfants ne savent rien. L'absence de transition et la ressemblance entre la mère et la fille obligent le spectateur à rester très attentif au fil des séquences pour comprendre quand se situe l'action et dérouler le fil d'ariane qui l'amènera à une complète recomposition et compréhension de l'histoire. Les morceaux se recollent au fur et à mesure, par touches, pour nous rapprocher de plus en plus de l'horreur de la vérité.
Malgré la violence du récit, comme dans Polytechnique, le réalisateur se sert d'ellipses ou du hors-champs pour éviter une surdramatisation inutile. Aussi, la beauté, la sécheresse et la luminosité des paysages de la Jordanie épanche un peu la souffrance psychologique des personnages et le drame des situations. Un film très dur mais qui reste sobre et juste.

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