24.4.09

L'absence

Vu au festival PanAfrica International - Vues d'Afrique, qui présente cette année sa 25e édition, le film L'absence, de Mama Keita, évoque les 48 heures de la vie d'Adama, jeune ingénieur travaillant dans le domaine scientifique en France, de retour au Sénégal après 15 années d'absence.
Un télégramme qu'il a reçu le pressait de rentrer pour voir sa grand-mère mourante (et l'enterrer). Mais arrivé dans la maison familiale, il la découvre en pleine santé ! Sa sœur muette, par contre, est celle qui a envoyé ce télégramme, comme un appel au secours auquel elle ne se doutait pas qu'il répondrait. Et les choses basculent rapidement à partir du moment où Adama découvre que sa sœur se prostitue... Il est obligé d'affronter les démons du passé (et du présent) et se rend compte à quel point il est devenu étranger au monde de son enfance. Va-t-il décider de rester ?
C'est en tout cas ce que souhaite le réalisateur, présent à la projection. Les diplômés africains qui ne rentrent pas au pays après leurs études, sont un réel manque qui sert les régimes dictatoriaux, vidant l'Afrique de ses élites. Dans les familles, c'est aussi un investissement à perte, puisque le fils aîné, qui traditionnellement deviendrait le bastion de la famille, est absent.
La soeur muette serait (selon Mama Keita) une métaphore de l'Afrique mais je trouve la comparaison tellement dure... Ignorée par son frère qui n'a jamais voulu apprendre la langue des signes pour communiquer avec elle, complètement dominée par son proxénète... puis brutalisée par son frère, qui pense d'abord à sa propre honte au lieu de penser à ce qu'elle endure... Mais sa souffrance n'est qu'une parmi tant d'autres, ne cesse de rappeler le film.




A travers les différentes discussions, entre Adama et sa grand-mère, son professeur ou son meilleur ami d'antant, le film synthétise très bien différentes problématiques liées à l'immigration vues du côté de l'immigré qui a réussi. Il montre qu'il y a toujours un décalage certain (une sorte de naïveté peut-être) avec le monde laissé derrière lui et un sentiment de culpabilité par rapport à ceux qui sont restés et qui attendent son retour... éternellement.

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