6.4.09

Festivalíssimo !

En s'installant à Montréal, on se rapproche aussi énormément de l'Amérique latine. Avec tous les avantages que cela comporte : côtoyer l'espagnol au quotidien, dans les transports publics ou les commerces ; avoir le choix de bons restaurants mexicains ou d'autres pays latino-américains ; ou encore discuter de voyages avec les collègues, qui sont pour la plupart déjà partis en vacances dans (au moins) un de ces pays. Dans ce cadre, c'était inévitable qu'un festival de cinéma thématique soit proposé à Montréal : il s'agit de Festivalíssimo, le festival du film ibéro-latinoaméricain qui s'est tenu pendant deux semaines au cinéma l'Ex-Centris.
Il m'a donné l'occasion de découvrir deux films qui abordent chacun des questions de société, mais qui se situent dans des classes sociales diamétralement opposées : le film brésilien Última Parada 174 et le film péruvien Dioses.
Última Parada 174 (qui va sortir sous le titre Rio 174 en France) est réalisé par Bruno Barreto et écrit par Braulio Mantovani, le scénariste de La Cité de Dieu. Il retrace l'itinéraire d'un garçon des bas-fonds de Rio de Janeiro, Sandro, qui a plutôt bon caractère par nature (et des ambitions louables, devenir rappeur !) mais qui, par un hasard de circonstances, sombre petit à petit dans la délinquance, le mensonge et la violence. Il est basé sur l'histoire réelle de Sandro do Nascimento, qui a fait une prise d'otages dans un autobus, événement qui a été retransmis en direct par la télévision brésilienne... Un film poignant, d'un réalisme à couper le souffle, servi par des personnages secondaires féminins très attachants : une mère "adoptive", marquée par l'enlèvement de son bébé, à laquelle il fait croire qu'elle a retrouvé son fils ; une prostituée dont il s'éprend ; une bénévole qui s'active pour aider les enfants des rues. Sans parler d'Alessandro, son alter ego façon vraie "racaille", qui manie habilement la menace et la violence pour gagner de l'argent facile... Les deux garçons se lient d'amitié, avant de se séparer de plus belle.
Dioses de Josué Méndez, décrit la vie d'une famille bourgeoise recomposée, dans une luxueuse villa d’été de la côte péruvienne. Le père, un riche entrepreneur industriel, y accueille sa nouvelle fiancée, une jolie indienne métissée bien plus jeune que lui, qui s’empresse d’apprendre les codes sociaux de cette société huppée. Le fils et la fille de l'entrepreneur vivent dans le confort, sans avoir le moindre souci des choses matérielles, et passent leur temps entre les soirées endiablées avec les amis (de leur milieu, bien sûr) et l'ennui de leur grande maison, en tentant d'éviter tant que possible les questions sur leur avenir. Les domestiques indiennes, qui s'affairent à ranger et à nettoyer le désordre des riches, sont toujours à l'écoute de leurs préoccupations, et prêtent parfois même leur épaule pour les réconforter. Lorsque l'adolescent découvre le bruit et la saleté des quartiers pauvres de Lima, c'est tout un choc culturel ! Un très bon film sur l'oisiveté et la décadence de la haute société de Lima, aveuglée par la culture de l'apparence et insouciante des problèmes de la société péruvienne. Mais je suis certaine qu'il s'appliquerait à bien d'autres pays...

Aucun commentaire: