Le Temps des gitans transposé en "punk opéra"
Etant donné mon admiration sans limites pour le génie Kusturica, il m'a fallu quelque temps pour admettre ma (relative) déception quant à ce spectacle auquel j'ai assisté le 8 juillet dernier à l'opéra Bastille.
Pourtant, ce ne sont pas les images insolites ou burlesques qui manquent : l'opéra commence par l'entrée en scène d'un groupe d'oies... bien vivantes. Le "punk opéra" mélange plusieurs formes d'expression artistique : musique rock - par le No Smoking Orchestra... sans son bassiste - et théâtre - de nouveaux comédiens chanteurs ayant été recrutés -, mais aussi extraits du film original et nouvelles vidéos. Les costumes sont ultra colorés, les décors oscillent entre réalisme et onirime, parfois ce petit monde qui s'agite frise la provocation au spectateur, tellement il est "bordélique". La scène se transforme alors en champ de bataille et les décors en carton s'effondrent sous nos yeux. On n'hésite pas à utiliser des stratagèmes tout à fait visibles pour faire voler maisons ou personnages, on montre à outrance les moyens techniques mis en oeuvre pour parvenir à faire passer les idées. Exemple : le personnage de Perhan qui ouvre une petite trape et marche sur un tapis déroulant. Il avance mais fait du sur place, il n'a pas besoin de plus que ça pour rentrer chez lui.
Ce n'est donc pas le manque d'audace ou de créativité que l'on peut reprocher au cinéaste devenu metteur en scène d'opéra. Mais je trouve que l'histoire pâtit de ce foisonnement d'idées visuelles, comme si Kusturica avait tant souhaité s'adapter à la nouvelle mise en scène "opéra", qu'il en oubliait son scénario. Suivre le déroulement de l'histoire en lisant les paroles des chansons traduites en français sur un panonceau en haut de la scène, relève de l'exploit. Seuls ceux connaissant par coeur le film réussissent à s'y retrouver. Pour les autres, il s'agit d'une succession de scènes sans continuité compréhensible.
Heureusement donc que je connaissais le film original. Mais en même temps, cela était quelque peu handicapant : je recherchais la même émotion que m'avait procuré le film, mais la mise en scène distanciée ne le permettait pas. Je me rends compte maintenant à quel point je suis une adepte de la mise en scène de cinéma : vive les gros plans, les inserts, les musiques off, la combinaison de tous ces éléments qui permettent d'être dans une scène et non pas devant une scène. Le spectacle donné à l'Opéra Bastille m'a plus rappelé le concert du No Smoking Orchestra - le chanteur fou de la bande ayant hérité du rôle d'Ahmed, l'oncle mafieux. Ce spectacle était donc aussi l'occasion de retrouver la joyeuse énergie de cette bande, et de découvrir de nouvelles chansons endiablées, bien loin de la finesse d'un certain Bregovic dont je suis également fan.
Voir plus d'infos sur le spectacle sur le site kustu.com.
Pourtant, ce ne sont pas les images insolites ou burlesques qui manquent : l'opéra commence par l'entrée en scène d'un groupe d'oies... bien vivantes. Le "punk opéra" mélange plusieurs formes d'expression artistique : musique rock - par le No Smoking Orchestra... sans son bassiste - et théâtre - de nouveaux comédiens chanteurs ayant été recrutés -, mais aussi extraits du film original et nouvelles vidéos. Les costumes sont ultra colorés, les décors oscillent entre réalisme et onirime, parfois ce petit monde qui s'agite frise la provocation au spectateur, tellement il est "bordélique". La scène se transforme alors en champ de bataille et les décors en carton s'effondrent sous nos yeux. On n'hésite pas à utiliser des stratagèmes tout à fait visibles pour faire voler maisons ou personnages, on montre à outrance les moyens techniques mis en oeuvre pour parvenir à faire passer les idées. Exemple : le personnage de Perhan qui ouvre une petite trape et marche sur un tapis déroulant. Il avance mais fait du sur place, il n'a pas besoin de plus que ça pour rentrer chez lui.
Ce n'est donc pas le manque d'audace ou de créativité que l'on peut reprocher au cinéaste devenu metteur en scène d'opéra. Mais je trouve que l'histoire pâtit de ce foisonnement d'idées visuelles, comme si Kusturica avait tant souhaité s'adapter à la nouvelle mise en scène "opéra", qu'il en oubliait son scénario. Suivre le déroulement de l'histoire en lisant les paroles des chansons traduites en français sur un panonceau en haut de la scène, relève de l'exploit. Seuls ceux connaissant par coeur le film réussissent à s'y retrouver. Pour les autres, il s'agit d'une succession de scènes sans continuité compréhensible.
Heureusement donc que je connaissais le film original. Mais en même temps, cela était quelque peu handicapant : je recherchais la même émotion que m'avait procuré le film, mais la mise en scène distanciée ne le permettait pas. Je me rends compte maintenant à quel point je suis une adepte de la mise en scène de cinéma : vive les gros plans, les inserts, les musiques off, la combinaison de tous ces éléments qui permettent d'être dans une scène et non pas devant une scène. Le spectacle donné à l'Opéra Bastille m'a plus rappelé le concert du No Smoking Orchestra - le chanteur fou de la bande ayant hérité du rôle d'Ahmed, l'oncle mafieux. Ce spectacle était donc aussi l'occasion de retrouver la joyeuse énergie de cette bande, et de découvrir de nouvelles chansons endiablées, bien loin de la finesse d'un certain Bregovic dont je suis également fan.
Voir plus d'infos sur le spectacle sur le site kustu.com.
1 commentaire:
Je suis moi aussi allée voir "Le temps des Gitans" à l'Opéra Bastille. Je suis moi aussi fan du film, adepte également inconditionnée de Goran Bregovic. Et pourtant, ce que j'ai aimé dans l'opéra, c'est ce que je ne pourrai jamais trouver dans un film. Le spectacle vivant, dans toute sa splendeur, avec toutes ses contradictions, toutes ses "imperfections", volontaires ou non, cette magie qui nous porte loin, bien loin de l'esthétique cinématographique, loin de tout ce qui moi, me met souvent devant l'écran et non dedans. C'est ce qui, sans doute, m'a fait choisir cette voie-là plutôt que l'autre. On pourrait débattre du sens de tout cela. Mais le spectacle vivant ne se comprend pas pendant la représentation, il se ressent, la compréhension arrivant ensuite, lorsque l'on se couche, dans le noir, et qu'en fermant les yeux, comme par magie...
On pourrait en dire autant de certains grands films. Et il est vrai que "Le temps des Gitans" version cinématographique m'a aussi fait cet effet-là... alors quoi qu'il en soit, un grand moment de scène, un grand moment de cinéma. Même, et surtout, s'ils sont très différents l'un de l'autre.
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