Eh oui, une nouvelle aventure a commencé depuis quelque temps pour Doris, qui a lentement mais sûrement laissé son blogue à l'abandon. Déjà étant enceinte, mon état de santé physique ne permettait plus tant de sorties culturelles ni d'escapades plus ou moins lointaines, sans compter le manque de temps pour écrire sur les quelques rares découvertes que j'ai pu faire. Aujourd'hui maman d'une petite choupinette de 42 jours (j'adore ce mot : choupinette ! je ne sais pas où je l'ai entendu et emprunté), cela sera encore plus difficile de me ménager du temps pour la tenue de ce blogue. J'essaie déjà de trouver le temps pour me reposer et me divertir un peu, ce qui n'est pas gagné ! Sans compter que j'ai envie de profiter au maximum de ces doux moments qui passent si vite... Mais je garde espoir que je retrouverai bientôt le goût et le temps de partager avec vous de nouvelles découvertes, peut-être sous un regard renouvelé, ou ne serait-ce que de rattraper les occasions perdues et publier les dernières photos de nos vacances. Après tout, le congé de maternité, lui, n'en est qu'à ses débuts.
Une des plus belles chansons d'amour québécoises que j'ai pu entendre la dernière année est On va s'aimer encore, de Vincent Vallières. Certes sentimentale et idéaliste, elle sonne comme une promesse d'amour à travers le temps. Un pied de nez à l'époque moderne et ses travers matérialistes et éphémères.
Un peu plus légère et joyeuse, mais dans une veine musicale et des valeurs similaires, San Francisco d'Alexandre Poulin invite au rêve et au voyage, à croquer la vie à deux à pleines dents.
Après Polytechnique, Denis Villeneuve est revenu en force avec son quatrième long-métrage Incendies, un des films québécois le plus acclamé par la critique et le public en 2010 (pour une fois qu'ils sont d'accord), une adaptation d'une pièce de théâtre de Wadji Mouawad. Sous l'influence du classement de ce film dans les "tops" de l'année 2010 par les critiques et des prix reçus dans les festivals internationaux, je suis allée au Cinéma du Parc pour un petit rattrapage. D'emblée, le film nous plonge au Moyen-Orient, dans une scène où de jeunes garçons se font raser le crâne tout en regardant le spectateur dans les yeux ; et dans une ambiance hypnotique appuyée par la musique envoûtante de Radiohead. Cet étrange contraste est une ouverture toute significative pour un film qui oscille sans cesse entre le réalisme et un esthétisme prononcé. Le synopsis : Lorsque le notaire Lebel fait à Jeanne et Simon Marwan la lecture du testament de leur mère Nawal, les jumeaux sont sidérés de se voir remettre deux enveloppes, l'une destinée à un père qu'ils croyaient mort et l'autre à un frère dont ils ignoraient l'existence. Jeanne voit dans cet énigmatique legs la clé du silence de Nawal, enfermée dans un mutisme inexpliqué lors des dernières semaines avant sa mort. Elle décide de partir immédiatement au Moyen-Orient exhumer le passé de cette famille dont elle ne sait presque rien... Simon, lui, n'a que faire des caprices posthumes de cette mère qui s'est toujours montrée distante et avare d'affection. Mais son amour pour sa soeur le poussera bientôt à rejoindre Jeanne et à sillonner avec elle le pays de leurs ancêtres sur la piste d'une Nawal bien loin de la mère qu'ils ont connue...
Même si l'on peut deviner qu'il fait référence à la guerre du Liban, le réalisateur prend soin de ne pas donner trop de détails historiques et de laisser un certain flou autour des événements passés ou des lieux évoqués. Cela ne rend le propos que plus universel. Le récit est servi par de constants allers-retours dans le passé de cette mère si courageuse, dont ses enfants ne savent rien. L'absence de transition et la ressemblance entre la mère et la fille obligent le spectateur à rester très attentif au fil des séquences pour comprendre quand se situe l'action et dérouler le fil d'ariane qui l'amènera à une complète recomposition et compréhension de l'histoire. Les morceaux se recollent au fur et à mesure, par touches, pour nous rapprocher de plus en plus de l'horreur de la vérité. Malgré la violence du récit, comme dans Polytechnique, le réalisateur se sert d'ellipses ou du hors-champs pour éviter une surdramatisation inutile. Aussi, la beauté, la sécheresse et la luminosité des paysages de la Jordanie épanche un peu la souffrance psychologique des personnages et le drame des situations. Un film très dur mais qui reste sobre et juste.
Cette année, je ne vous propose pas de bilan, encore moins de classement. Ce serait bien trop prétentieux compte tenu du nombre de films de l'actualité cinématographique que j'ai pu voir. Voici seulement une sélection de films qui, selon moi, valent la peine d'être vus, par ordre de préférence.
Another Year, M. Leigh L'arbre (The Tree), J. Bertuccelli Un Prophète, J. Audiard Incendies, D. Villeneuve The Ghost Writer, R. Polanski El secreto de sus ojos (Dans ses yeux), J. J. Campanella The Social Network, D. Fincher Mine Vaganti (Le premier qui l'a dit), F. Ozpetek You will meet a tall dark stranger, W. Allen Les Amours Imaginaires, X. Dollan
Comme d'habitude, les festivals de Montréal sont l'occasion de nouvelles découvertes musicales. Cette année, les Francofolies ont eu lieu avant le Festival de Jazz et ont permis de profiter du quartier des spectacles dès le mois de juin. A cette occasion, j'ai eu l'occasion de découvrir notamment Cédric Watson, un artiste créole de Louisiane, et la Béninoise Angélique Kidjo.
Interpréter les 217 chansons des Beatles au cours des six soirées du Mondial Choral Loto-Québec à Laval, un défi surréaliste réalisé avec brio par Gregory Charles, accompagné de chanteurs québécois de renom et de deux chorales. De deux à trois albums par soirée, plus d'une trentaine de chansons enchaînées, pour le plus grand plaisir d'un public conquis.
Les Week-ends du monde au Parc Jean-Drapeau ont été l'occasion de déguster un poisson braisé à l'africaine, de profiter d'une foule familiale et multiculturelle et d'écouter de la musique jamaïcaine, avant de contempler les feux d'artifices du samedi soir au-dessus des arbres.
Pour notre deuxième été au Québec, nous étions véhiculés donc en avons profité pour nous déplacer dans des régions proches de Montréal à différentes occasions :
- Le Mondial des Cultures de Drummondville, qui accueillait des ensembles folkloriques (musique et danses traditionnelles) venus du monde entier. En particulier, nous avons eu le plaisir de découvrir des ensembles des Philippines, de Porto Rico et de Finlande.
- L'Orchestre symphonique de Montréal (OSM) a comme tradition depuis 1938 de donner des concerts gratuits dans les parcs pendant la saison estivale. Nous sommes allés l'écouter dans le parc Regard-sur-le-Fleuve, à Sorel-Tracy. Comme en témoignent les photos, une foule nombreuse s'est rassemblée pour écouter des morceaux du répertoire classique américain tels An American in Paris de Gershwin ou West Side Story de Bernstein. Les arrangements symphoniques de chansons de Gilles Vigneault ont sans doute provoqué la plus grande participation du public. Une belle soirée en plein air.
Moins d'un an après le premier voyage, déjà l'envie de retourner dans ce pays si contrasté mais attachant et de le faire découvrir à mon amoureux. Un voyage qui a encore une fois commencé par une surprise : la famille de La Havane qui devait nous accueillir rencontrait des problèmes familiaux et avait été contrainte de demander au gouvernement de retirer son autorisation de casa particular pour quelques mois. Cela ne nous a bien sûr pas empêchés de lui rendre visite régulièrement. En rencontrant encore plus de Cubains que lors du premier voyage, nous avons recueilli des témoignages qui montrent des aspects complètement absurdes et injustes de leur vie quotidienne. Nous avons eu des discussions beaucoup plus "politiques" à l'abri des oreilles indiscrètes et avons même surpris une conversation où les travailleurs qui manifestaient joyeusement pour le 1er mai étaient traités de "pantins" (payasos). Nous sommes revenus assez amers et imprégnés des "vrais problèmes" de la situation à Cuba. La débrouillardise, mais aussi la résignation et le manque de toute perspective (je n'ose le mot liberté) revenait à chaque discussion. J'aimerais un jour mettre toutes ces heures de conversations par écrit, pour ne rien oublier...
Ramper. Sautiller. S'accroupir. Se tortiller. Se trémousser. Se déhancher. S'enlacer. Lutter. Tomber. Autant de verbes pour décrire les corps de la troupe brésilienne Grupo Corpo, menée par le chorégraphe Rodrigo Perdeneiras, qui se produisait à la Place des Arts pour quelques soirées début avril. Une danse organique, qui rappelle les insectes et le monde animal. Parfois des postures qui ressemblent à celles des sauterelles. Une impression de fourmillement. Des corps vivants, et parfois, des corps inertes. Du bout des pieds jusqu'au bout des cheveux (!), la vie circule à travers les gestes, qui expriment l'énergie et parfois la violence de la vie. Des mouvements tantôt fluides, tantôt saccadés, qui animent les corps ; des corps abandonnés à leurs pulsions vitales, à leurs ondulations nécessaires. Dix-neuf danseurs et danseuses qui entrent et sortent de scène sans cesse, se meuvent en foule, en groupe, en couple, en solo. Souvent une composition de plusieurs petits groupes ayant des dynamiques différentes, une gestuelle propre, et qui pourtant forment un tout harmonieux. On ne sait plus où poser le regard, on est certain qu'on est en train de manquer quelque chose. J'essaie de décrire les sensations visuelles, mais il ne faut pas oublier la trame sonore, aux sonorités typiquement brésiliennes, qui soutient toute la création. J'ai découvert en lisant cet article dans Le Devoir que la musique était créée à l'étape de la composition chorégraphique, au fur et à mesure adaptée à la danse et non l'inverse. La fusion est ainsi vraiment parfaite. Les transitions entre des styles musicaux pourtant éloignés sont rendues possibles.
Extraits des deux pièces présentées, Parabelo (1997) et Breu (2007).
Comme l'an dernier, nous avons profité du long congé de Pâques pour faire une petite escapade en Outaouais puis à l'Est de l'Ontario. Une petite boucle tout de même moins ambitieuse que l'année passée, mais avec tout autant de soleil éblouissant et de chaleur. Pour le trajet entre Montréal et Gatineau (la ville qui jouxte Ottawa côté Québec), nous avons suivi la côte Nord de la rivière des Outaouais. Une première halte à Montebello où nous avons visité le magnifique hôtel Fairmont construit en rondins de cèdre rouge, empreint d'une élégance rustique, puis une deuxième halte au Parc de Plaisance, où nous avons marché deux bonnes heures dans une nature pas encore régénérée, qui offrait plutôt des paysages desséchés et désolés. Enfin, soirée au Casino du Lac-Leamy où nous avons assisté au bel hommage à Johnny Cash livré par son "sosie" Shawn Baker au Théâtre du Casino. Le lendemain, balade à pied entre Gatineau et Ottawa, uniquement séparées par la rivière des Outaouais, en suivant les ponts et les rives, sous un soleil de plomb. Ambiance estivale et détendue à la capitale!
Découverts au Marché Bonsecours, Benjamin Chee Chee et Cecil Youngfox sont deux artistes autochtones canadiens, tous deux originaires du Nord-Est de l'Ontario.
Benjamin Chee Chee (1944-1977)
Après une jeunesse instable, Chee Chee, d'ascendance ojibwée (plus de détails sur cette nation), déménage à Montréal en 1965 ; on l'encourage alors à cultiver son goût du dessin. Sa première exposition, tenue après son installation à Ottawa en 1973, se compose de toiles abstraites aux motifs géométriques en formes de blocs. En 1976, son style avait pris une tournure radicalement différente, avec des représentations linéaires sobres d'oiseaux et d'animaux aux traits nets et élégants, caractérisées par un vif sens de l'humour et un mouvement intense. Contrairement à d'autres artistes autochtones, Chee Chee nie tout contenu symbolique : selon lui, il s'agit plutôt de « créatures du présent » dont les formes traduisent ses conceptions esthétiques. Au faîte de sa gloire, après une rechute dans l'alcoolisme, il se suicide en prison à Ottawa.
D'après l'Encyclopédie canadienne
Learning
Good Morning!
Mother & Child
Friends
Swallows
Spring Flight
Wait for Me
Cecil Youngfox (1942-1987)
Cecil Youngfox est né à Blind River, en Ontario, de parents ojibwa et métis. Il a fait ses études au Collège de théologie Newman, à Edmonton, en Alberta. Lorsqu'il a pu vivre de son art, il a ouvert un atelier à Toronto. Youngfox est retourné fréquemment dans le Nord de l'Ontario pour s'entretenir avec les jeunes étudiants de la région et les encourager à poursuivre leur apprentissage. D'après un porte-parole de la galerie d'art et d'artisanat ojibwas Whetung, à Curve Lake, en Ontario, les toiles de Youngfox témoignent de son héritage métis et de son éducation chrétienne, et rappellent souvent les cérémonies traditionnelles et les symboles liés aux esprits et à la spiritualité. L'artiste est connu pour ses représentations picturales aux couleurs vives des traditions culturelles de son peuple. De son vivant, il était considéré comme l'un des grands artistes autochtones du Canada.